Les dirigeants européens ont l'intention de convoquer un nouveau sommet extraordinaire avec la Turquie, début mars, dans le but d'améliorer la coopération entre l'UE et Ankara afin de résorber les flux migratoires, à l'issue de débats marathon à Bruxelles. Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement, réunis pour un sommet consacré d'abord aux négociations sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, ont réaffirmé «à l'unanimité» que «la démarche doit être européenne», et non unilatérale, face à la crise migratoire la plus grave depuis 1945. Plus particulièrement visée : l'Autriche qui a décidé d'imposer des quotas quotidiens à l'entrée sur son territoire de demandeurs d'asile et de migrants en transit. Il y a «ceux qui continuent à espérer qu'on peut trouver une solution ensemble et ceux qui y croient de moins en moins et donc qui prennent des initiatives tout seuls», a résumé un responsable européen. Force est de constater que «les flux de migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie restent bien trop élevés», soulignent les 28 dans les conclusions du sommet. Plus de 84 000 personnes sont arrivées par la mer sur le sol de l'UE depuis le 1er janvier, selon l'OIM (Organisation internationale pour les migrations). «Avant cette réunion, il y avait ceux qui doutaient de la nécessité de résoudre le problème de la crise des réfugiés ensemble avec la Turquie (...). Nous avons confirmé qu'il n'y a pas d'alternative à une bonne intelligente et sage coopération avec la Turquie», a insisté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à la sortie de la réunion. L'enjeu est l'application du «plan d'action» conclu en octobre dernier entre la Turquie et l'UE, avec pour objectif d'endiguer les flux de migrants depuis la Turquie vers la Grèce, que ce soit en améliorant la surveillance des frontières ou la gestion sur place des réfugiés. «Des efforts supplémentaires, résolus de la part aussi de la Turquie» sont nécessaires, selon les 28. «On a les accords avec la Turquie pour contrôler les passeurs et l'Otan qui pourrait, si tout va bien, naviguer (en mer Egée) dès la semaine prochaine», a énuméré de son côté le Premier ministre néerlandais Marc Rutte. «Quand on fait l'addition de tous ces filtres (...) cela doit mener à un contrôle des flux pour que, quand le printemps arrive, on n'ait pas les chiffres (d'arrivées) qu'on avait l'an dernier», a ajouté M. Rutte.