"Ce flux est la preuve du désespoir des réfugiés qui vivent dans des conditions de misère dans les pays voisins de la Syrie", selon Kaity Kehayioglu, porte-parole du HCR en Grèce. La liste des victimes des conflits armés en Syrie et dans d'autres pays d'Afrique et au sud-ouest de l'Asie s'allonge dans le bassin méditerranéen, alors qu'en Europe, aucun pays membre de l'Union européenne, hormis l'Allemagne, ne souhaite accueillir plus de réfugiés dont le nombre augmente de jour en jour. Hier, des dizaines de personnes ont encore trouvé la mort en mer Egée, près des côtes grecques, ont indiqué les médias locaux et des organisations humanitaires onusiennes. Les corps d'au moins 44 migrants, dont 20 enfants, ont été repêchés hier en mer Egée, selon Athènes et des humanitaires. Les 44 victimes se sont noyées dans trois naufrages entre les côtes grecques et turques. Le chavirage d'un bateau au large de l'îlot de Kalolimnos a fait au moins 34 morts, dont 11 enfants et 16 femmes. Les recherches se poursuivaient dans la zone, alors que selon les 26 rescapés, plusieurs dizaines de personnes se trouvaient à bord. Sept autres personnes, six enfants et une femme, se sont noyées quand leur embarcation s'est échouée sur les côtes de Farmakonissi, plus au Nord. Les gardes-côtes turcs ont, de leur côté, repêché les corps de trois enfants après un troisième naufrage, ont rapporté les agences de presse. Mais les autorités grecques craignent un afflux encore plus important de ces réfugiés qui fuient la guerre, notamment en Syrie où aucune solution politique n'est toujours pas trouvée. La réunion prévue pour ce 26 janvier à Genève, entre l'opposition politico-armée et le régime de Damas du président Bachar Al-Assad, risque de s'achever comme les précédentes. De son côté l'Europe n'arrive pas, elle aussi, à trouver un accord minimum avec la Turquie, d'où passe la majorité des réfugiés. La chancelière allemande Angela Merkel cherche d'ailleurs à arracher plus de soutien de la Turquie pour réduire le flux des réfugiés vers l'Europe. La chancelière allemande devait s'entretenir, dans la journée d'hier, à Berlin, avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, et ses principaux ministres pour des consultations germano-turques inédites dans ce domaine, dans lesquelles elle a affirmé pouvoir jouer "un rôle clé" pour la résolution de la crise des réfugiés. "Nous avons un intérêt commun à ce que moins de réfugiés aillent en Turquie et que la Turquie ne les laisse pas simplement passer (...) c'est pourquoi nous voulons déterminer (nos) intérêts communs pour que cela cesse", a déclaré, jeudi soir, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. L'UE a promis, fin novembre, 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. Mais les gouvernements européens peinent toujours à boucler le financement et Ankara est accusé de ne pas jouer le jeu. Avant même la découverte des nouveaux corps, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déploré "un record de morts (...) en Méditerranée en janvier 2016 par rapport aux mois de janvier 2015 et 2014", avec au moins 119 morts. Depuis le début de l'année, l'OIM a dénombré 36 000 arrivées sur les îles grecques. Lyès Menacer/Agences