Animant une conférence de presse au siège de la radio locale de Tlemcen après avoir visité les établissements scolaires des communes de Béni Snouss et Béni Boussaïd où est dispensée la langue amazighe, le Haut-commissaire à l'amazighité, Si El Hachemi Assad, a fait une rétrospective anthropologique, historique et culturelle de cette langue nationale ancestrale ainsi que son évolution et sa transmission orale à travers les siècles tout en reconnaissant «qu'elle a subi durant la période coloniale une grande altération estimant que toutes les occupations (française et romaine) ont marqué l'anthroponymie et la toponymie algériennes». Sa visite a été motivée, selon lui, par le suivi de l'enseignement de cette langue dans la wilaya de Tlemcen «mais aussi d'une prise de contact avec les parents d'élèves, les enseignants et les élèves», tout en rassurant que son enseignement va se faire graduellement conformément à l'accord signé avec le ministère de l'Education». Le projet d'élaboration d'un dictionnaire de tamazight est en cours de finalisation, dira M. Assad, et qu'une commission est chargée de ce travail. Ce qui a poussé le HCA à initier «des travaux de recherches anthropologiques et linguistiques afin de réapproprier les toponymes et autres noms en vue de leur utilisation dans la promotion de la langue amazighe», avait-il dit après avoir souligné que «la toponymie constitue un creuset inestimable pour son développement et pour la réhabilitation des termes et leur épistémologie, perdus ou altérés». A titre indicatif, il ressort, selon lui, «qu'une étude établie et ayant ciblé plus de 1500 patronymes collectés dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès et Bouira que l'administration coloniale a détruit la patronymie kabyle et l'a remplacée par des sobriquets et des termes parfois vulgaires que les intéressés ont changé après l'indépendance». Assad a ensuite abordé l'enseignement de la langue amazighe dans les établissements scolaires et à travers le territoire national pour dire «que sa généralisation évolue et s'effectue progressivement et dès la prochaine rentrée scolaire elle sera enseignée dans 32 wilayas du pays et qui verra l'introduction de manuels scolaires en arabe, en tamazight et en français avec plus de 80% de textes d'auteurs algériens». Il a annoncé aussi la naissance du premier clavier «Azul», créé par des chercheurs algériens et rappelé que le HCA va œuvrer pour le classement de Yennayer comme patrimoine immatériel de l'humanité. Revenant à la constitutionnalisation de la langue amazighe, le Haut-commissaire à l'amazighité affirma que «c'est une décision politique très forte et courageuse qui va permettre de renforcer la langue et la doter de tous les moyens et d'instruments scientifiques pour son développement, notamment l'instauration d'une académie de la langue amazighe qui va lui permettre de s'épanouir davantage en tant que langue nationale officielle». En conclusion, Si Hachemi Assad a reconnu que ce sont les efforts de l'Etat qui ont permis le développement et la promotion de la langue amazighe et que le HCA va participer en collaboration avec les spécialistes de doter l'académie de textes juridiques régissant son fonctionnement.