La compagnie britannique Propeller a présenté, pour la première fois mardi et hier, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, une version hilarante du Songe d'une nuit d'été, (A Midsummer Night's Dream 1594-1595) rebaptisée Pocket dream (Rêve de poche), l'une des pièces les plus connues du célèbre dramaturge britannique William Shakespeare. Cette deuxième représentation du théâtre anglais à Alger s'inscrit dans le cadre des échanges culturels algéro-britanniques. Echanges qui en sont à leurs balbutiements. En effet, après la pièce Hamlet l'an dernier, c'est encore du Shakespeare qui revient sur la scène algérienne à l'occasion de la 400e commémoration de sa mort, placée sous le signe «Shakespeare vit en 2016». Quatre représentations de Pocket Dream ont été données à raison de deux séances par jour, à 15h et 19h. Le texte déluré de Shakespeare où fusent bons mots et allusions romantiques a résonné avec une clarté remarquable dans la salle Mustapha- Kateb du TNA. Et malgré le fait que cette dernière ait été jouée entièrement en anglais classique, rythmé, truffé de prose et de métaphore, le jeune public algérois est venu nombreux. Il faut noter aussi que la traduction en français du texte a été projetée en toile de fond sous forme de surtitres pour aider à la compréhension et bien suivre la trame de l'histoire entremêlée de Shakespeare. Pocket Dream est assez complexe. L'action se déroule en Grèce et réunit pour mieux les désunir deux couples de jeunes amants : Lysandre et Hermia, campés respectivement par Oliver Wilson et Mtthew MacPherson et Démétrius et Héléna joués par Antony Jardine et Max Hutchinson. Hermia veut épouser Lysandre mais son père, Egée, la destine à Démétrius, dont est amoureuse Héléna. Lysandre et Hermia s'enfuient dans la forêt, poursuivis par Démétrius, lui-même poursuivi par Héléna. Pendant ce temps, Obéron, roi des Elfes, a ordonné à Puck de verser une potion sur les paupières de sa femme, Titania. L'esthétique contemporaine et l'approche rigoureuse de la mise en scène d'Edward Hall mettent le texte de Shakespeare dans un univers burlesque, mais moderne. Les six comédiens de la troupe Propoller évoluent dans un décor rupestre où sont posés chaises, sac de jute et penderie crémaillère (ambulante). L'on apprendra par la suite que le choix de laisser la scène ouverte et de voir les comédiens se changer est voulu par le metteur en scène. Du théâtre dans le théâtre Durant une heure, les six comédiens de la troupe ont offert au public algérois du vrai théâtre shakespearien. Et tout comme du temps de Shakespeare, dans la compagnie Propeller, seuls des hommes interprètent les personnages imaginés par le dramaturge anglais. Une particularité du théâtre élisabéthain. Rires, facéties, folie débridée, fantaisie, acrobaties, cabrioles, musique et chants, les six comédiens ont réussi haut leur pari de séduire le public algérois, d'autant plus que chacun interprète trois à quatre rôles à la fois. Un spectacle total où les dialogues alternent avec fluidité avec la musique et le chant, bien maîtrisés par les comédiens. Pocket Dream est une fabuleuse comédie féerique, intemporelle et complète ; elle expose le point de vue de Shakespeare sur la genèse des mythes, des contes et des fées. «Cette version de Pocket Dream a été raccourcie avec six comédiens et adaptée à une audience algérienne», nous dira Chris Myles à l'issue du spectacle. Ce spectacle à Alger sera le dernier d'une longue tournée à travers 22 pays. Créée en 1996, la troupe Propeller dirigée par Edward Hall est spécialisée dans le théâtre de William Shakespeare (1564-1616). Organisé par le British Council en Algérie, Pocket Dream sera présenté demain à Oran.