L'Algérie occupe toujours le bas du tableau en matière de liberté de la presse. Dans son rapport annuel pour 2016, publié hier par Reporters sans frontières (RSF), l'Algérie est classée à la 129e place sur 180 pays concernés par le document, loin derrière la Tunisie (96e place) et devant le Maroc (131e place). L'Algérie a perdu 10 places par rapport au classement de 2015 (109e). Dans son rapport, RSF souligne que «les paysages médiatiques s'assombrissent en Algérie avec la fermeture forcée de chaînes de télévision», allusion à El Watan TV, fermée après avoir ouvert ses antennes à l'ex-chef terroriste, Madani Mezrag. Selon le rapport de RSF, la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient reste la région du monde où les journalistes sont les plus soumis à des contraintes de toutes sortes. Mais «l'évolution générale témoigne d'un climat de peur généralisée et de tensions qui s'ajoute à une emprise des Etats et des intérêts privés de plus en plus grande sur les rédactions», explique l'organisation dans son rapport intitulé «Classement mondial de la liberté de la presse 2016 : la paranoïa des dirigeants contre les journalistes». Selon ce rapport, l'Europe demeure la zone où les médias sont les plus libres, suivie par l'Afrique (l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont dans une autre catégorie) qui, fait inédit, passe devant les Amériques, l'Amérique latine étant plombée par les violences accrues contre les journalistes. Suivent l'Asie et l'Europe de l'Est et l'Asie centrale. Trois pays d'Europe du Nord occupent le haut du Classement des pays, la Finlande (1re, comme depuis 2010), les Pays-Bas (2 e, +2), la Norvège (3e, -1). La France occupe, quant à elle, la 45e place alors que les USA arrivent en 41e place. Au bas du classement, un trio infernal, comme le qualifie RSF, le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e), l'Erythrée (180e). Le classement de RSF repose sur une mesure de la situation de la liberté de la presse, fondée sur une appréciation du pluralisme, de l'indépendance des médias, de la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes dans 180 pays. Il est établi grâce à un questionnaire proposé en vingt langues à des experts du monde entier. A cette analyse qualitative s'ajoute un relevé quantitatif des violences commises contre les journalistes sur la période prise en compte, explique RSF dont le secrétaire général, Christophe Deloire, estime qu'il est «malheureusement notable que de très nombreux dirigeants dans le monde développent une forme de paranoïa contre l'exercice légitime du journalisme».