La lecture dans la ville de Mila ne semble plus présenter d'attrait pour la population, notamment les jeunes. Les lecteurs sont souvent d'un certain âge, ceux de la vieille école, «une espèce en voie d'extinction», avoue d'emblée un vieux libraire, Tahar Medjoudj. Rencontré à la librairie Bouarroudj Nouar du centre-ville où il travaille depuis six ans, Medjoudj, toujours épris de lecture, feuillette un ouvrage d'un auteur d'origine turque. Selon ce féru de la lecture âgé de 65 ans, les lecteurs, ceux qui s'intéressent toujours au livre, qu'il a eu l'occasion de croiser, sont tous âgés de 55 ans et plus. «L'internet, les nouvelles technologies de l'information et de la communication et la cherté du prix des livres ont contribué à déserter les librairies et les lieux de lecture publics», lance le libraire. Ouverte en 1962 au lendemain de l'indépendance, cette librairie, en plus des deux autres, Zouaghi et Ben Chiheb, propose encore des livres de tous genres dans cette ville. Les livres parascolaires et ceux de cuisine sont «ce qui marchent le mieux chez les libraires», lance avec un soupir Medjoudj, avant de poursuivre : «La lecture élargit nos horizons, accroît notre fonds de connaissances et consolide notre capital linguistique». Pour ce «dernier des Mohicans» dont la lecture demeure une passion et une voie essentielle pour l'épanouissement, des efforts doivent être déployés pour «amener les jeunes à aimer les livres, à s'intéresser à la lecture». Les efforts des pouvoirs publics ont pourtant permis de doter la ville, à l'histoire plusieurs fois millénaire, de plusieurs bibliothèques modernes de lecture publique. Une nouvelle bibliothèque composée de divers espaces et salles de lecture a été réalisée au chef-lieu de wilaya, en appui aux bibliothèques de la maison de la culture et du centre culturel islamique de la même ville. Ces espaces proposent le prêt de livres et un cadre convivial pour la lecture, mais «ce sont des services pratiquement boudés», assure une bibliothécaire à la nouvelle bibliothèque de wilaya. La dame affirme que les visiteurs de la bibliothèque qu'elle supervise sont essentiellement des élèves scolarisés. «Ils viennent nombreux, en groupe, pour des révisions, en prévision des épreuves du baccalauréat ou du brevet d'enseignement moyen (BEM)», tient à préciser la bibliothécaire, qui souligne que «rares sont ceux demandent un titre de la bibliothèque». Approchés, plusieurs élèves rencontrés dans cette bibliothèque affirment que «le lieu constitue un cadre serein pour la révision en groupe». Du livre, de la lecture et des bibliothèques dans la ville, certains évoquant «l'absence de maisons d'édition» comme facteur ayant contribué au désintéressement de la jeune génération à la lecture. D'autres se demandent si la manifestation annuelle «La lecture en fête» et les initiatives d'associations locales dans la promotion de la lecture ne doivent pas être repensées pour mieux atteindre leurs objectifs. Le réseau des bibliothèques urbaines et des communes dans la wilaya compte actuellement 25 bibliothèques en plus d'une bibliothèque de wilaya et huit (8) autres en cours de réalisation, assure le directeur de wilaya de la culture par intérim, Lezghad Cheyaya, qui attribue le recul de la lecture à «l'expansion des nouvelles technologies de communication et le repli du commerce de livres».