Alger et Paris accordent leurs violons. Finies les crispations diplomatiques et les passes d'armes entre les deux pays qui semblent s'amenuiser de jour en jour, laissant place à une coopération bilatérale apaisée et des échanges économiques pragmatiques. C'est en tout cas le message délivré par les deux pays à la faveur de la troisième édition des rencontres algéro-françaises des maires et présidents de collectivités territoriales organisées hier au Palais des nations, à Alger. Près de 50 maires des deux rives de la Méditerranée ont exprimé leur volonté de donner plus de consistance à la coopération décentralisée. Alger et Paris veulent passer à une autre étape et sortir des simples déclarations d'intention et autres vœux pieux. «Nos échanges qui se limitaient aux stricts rapports symboliques de jumelage marqués par les relations interpersonnelles se sont progressivement intensifiés, donnant lieu à des projets catalyseurs caractérisés par une approche de partenariat et d'intérêt partagé», a estimé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui. Ce dernier a appelé tous les participants à redoubler d'efforts et prendre conscience des «immenses potentialités» à exploiter en Algérie. Même son de cloche côté français. Les responsables et maires de l'Hexagone, présents hier en force, ont affirmé vouloir passer à une autre étape et donner plus de consistance aux relations bilatérales décentralisées. Jean-Michel Baylet, ministre français de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, a appelé à «renforcer la coopération entre les deux pays dans plusieurs domaines». Pour lui, «les chantiers de coopération qui nous attendent sont prometteurs. Nous voulons promouvoir l'action culturelle entre nos villes, échanger nos expertises dans le domaine de la santé, consolider notre collaboration dans l'enseignement supérieur et partager notre savoir-faire dans la gestion de la cité», a-t-il soutenu, avant d'ajouter, qu'à la demande d'Alger, «nous voudrons engager une vraie réflexion autour de la déradicalisation». Selon le ministre français, les atouts et les leviers favorisant cette coopération sont multiples. «La proximité géographique, le partage de la langue, la culture en commun nous offrent une chance formidable pour bâtir une relation apaisée et fructueuse», a-t-il déclaré. Concrètement, ce sont quelque 50 conventions de coopération décentralisée et de jumelage qui ont été conclues entre collectivités territoriales algériennes et françaises, tous échelons institutionnels confondus, sur des thématiques diverses : gestion urbaine, protection de l'environnement, gouvernance locale, échanges culturels et jeunesse. Lors d'un point de presse organisé en marge de ces rencontres, le ministre français a appelé les deux Etats à dépasser les polémiques inutiles et se concentrer sur les intérêts communs. Par ailleurs, les deux parties débattront et échangeront, deux jours durant (hier et aujourd'hui, NDLR) plusieurs thématiques dans des ateliers dédiés à la démocratie participative, la gestion des grandes villes et le développement durable, le partenariat public-privé dans la gestion des affaires locales, les finances et la fiscalité locales dans le développement territorial. Deux visites de projets de réhabilitation, emblématiques de la coopération franco-algérienne, sont également inscrites au programme : la première à la basilique Notre-Dame d'Afrique et la seconde au Jardin d'essai. A l'issue de ces deux journées d'échanges, une feuille de route sera adoptée. Elle fixera les grands axes de la coopération décentralisée algéro-française pour les cinq années à venir.