Mois de piété, d'effort et d'adoration, le Ramadhan n'altère en rien la mauvaise pratique de certaines catégories d'une société pourtant musulmane. Les commerçants, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, sans foi ni loi, affichent à chaque approche du mois sacré des prix exorbitants dépassant largement les 50% de marge bénéficiaire. L'augmentation des prix des produits de large consommation (fruits et légumes) est, au fait, devenue un sport national. Un acte banal. Les consignes du ministre du Commerce sur le maintien des prix, surtout durant le mois de Ramadhan, tombent chaque année dans l'oreille d'un sourd. A peine l'appel lancé que ces commerçants effacent leurs ardoises pour afficher les nouveaux prix. Mais comment lutter contre ces pratiques ? Comment mettre fin à l'anarchie du marché qui pénalise le producteur d'abord et le consommateur surtout. A cette question, le président de l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement de la wilaya d'Alger (Apoce), Mustapha Zebdi, appelle à l'intervention des imams. «Les religieux doivent jouer leur rôle pour éveiller les consciences sur les méfaits de la flambée injustifiée des prix», préconise-t-il, et d'estimer que «la conscience religieuse doit être au centre des solutions qui peuvent être apportées pour mettre fin à ces pratiques illégales». Les imams ont eux aussi, selon ses dires, une part de responsabilité morale importante. «Bénéficier d'une marge nettement plus large que celle méritée est loin d'être conforme avec les préceptes de la religion», insiste-t-il. Le président de l'Apoce regrette que la mentalité collective soit «restée la même qu'à l'époque des marchés monoprix où le premier arrivé était le premier servi». C'est cette effervescence du consommateur qui encourage cette situation, reconnaît-il. Par ailleurs, notre interlocuteur a reconnu que les consommateurs commencent, de leur côté, à éviter le gaspillage. Un fait qui résulte essentiellement, pense-t-il, des campagnes de sensibilisation menées par les associations de protection des consommateurs. C'est aussi dû au pouvoir d'achat qui a diminué avec la crise économique qui frappe le pays. Zebdi reconnaît ainsi que «le comportement du consommateur est acceptable, comparé aux années précédentes». Il a fait savoir qu'une campagne sera lancée à compter d'aujourd'hui pour s'étaler sur une durée de 40 jours. L'association compte jouer sur les grands affichages dans tous les points de vente pour inciter et le consommateur et le commerçant à respecter les consignes du ministère du Commerce.