En ces temps de crise, l'Algérie est appelée à aller vers un modèle économique basé sur la recherche de la croissance dans une véritable sphère économique non adossé aux hydrocarbures. C'est dans ce contexte que le Premier ministre Abdelmalek Sellal a appelé, hier, les Algériens à « œuvrer », à « bouger » et à « accélérer la cadence » pour « aller chercher la croissance ». « Il nous faut aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle, là où l'entreprise publique ou privée est la clé de la voûte », a indiqué, hier, Abdelmalek Sellal à l'ouverture de la tripartite à Djenane El Mithak. Pour lui, la société est appelée à « œuvrer de toutes ses forces pour accélérer, encore plus, la dynamique économique initiée parce que désormais, le temps nous est compté. Nous devons bouger pour poursuivre la mue de notre économie vers la création de richesse et d'emploi », a-t-il indiqué, précisant que « même si les prix des matières premières retrouvaient leurs niveaux élevés, ils ne suffiraient pas à couvrir le développement socioéconomique de notre pays ». Etant donné qu'il n'est pas impossible de garantir la pérennité du modèle économique social, décidé par l'Etat depuis l'indépendance, en cette conjoncture de baisse des revenus, « il est alors temps d'aller chercher la richesse ailleurs », a précisé Sellal. Cadrage budgétaire Le modèle de croissance économique qui a fait l'objet de débat, hier, intègre « une approche claire et consensuelle jusqu'à 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030 ». Il prévoit « un cadrage budgétaire, sur le court et le moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture, tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente fixés par l'autorité politique », a-t-il indiqué. L'objectif de ce nouveau modèle est d'aboutir à « des niveaux soutenables en matière d'équilibres des finances publiques ». Ce modèle comprend aussi « des mesures de consolidation de la justice sociale sans surcoûts économiques, et la réforme de la fiscalité », a soutenu Sellal, précisant que ces efforts convergent vers « la réunion des conditions d'émergence d'une base productive et industrielle nationale, moderne et compétitive ». La mise en place de ce modèle économique devrait se faire dans le cadre « d'une gouvernance et d'un plan qui allient vision stratégique, programmatique et responsabilité sociale et politique ». Sellal est revenu sur la justice sociale, « une ligne intangible dans l'action de l'exécutif ». Il a annoncé « des aménagements législatifs engagés en matière de droit du travail et de la retraite ». Il s'agit, selon Sellal, de garantir aux travailleurs « les mêmes droits sociaux sans privilèges indus ni exceptions dérogatoires, afin d'assurer la pérennité du système national de retraite ». Le chef de l'exécutif a tenu à saluer « la maturité politique et syndicale » des travailleurs et chefs d'entreprise, fruit du pacte national économique et social pour la croissance « qui doit être consolidé et conforté ». L'Algérie résiste « Dans ce contexte difficile, l'Algérie résiste. Je le dis sans démagogie, la situation est dure et les contraintes sont réelles avec des lendemains incertains mais économiquement l'Algérie résiste. » Il a tenu à rendre hommage à la « sagesse et à l'intelligence collective » du peuple algérien qui a toujours rejeté les discours de panique et de l'aventure politique, et qui manifeste à chaque occasion ses choix en faveur de la stabilité et du développement et sa confiance en l'homme à qui il a confié souverainement la direction du pays. Selon Sellal, malgré le choc pétrolier, l'Algérie a réussi à préserver intacts ses indicateurs économiques et garde le cap sur l'amélioration de la croissance. Ainsi, le volume d'importation est en baisse de 13,07% par rapport à la même période de l'année 2015, des réserves de change établies à 136,9 milliards de dollars, un taux d'inflation stabilisé à 4,11%, un niveau de liquidités dans les banques de 1684 milliards de dinars, des crédits à l'économie en constante progression (plus de 9% par rapport à la même période de 2015). Des indicateurs approuvés par les institutions financières internationales dont le FMI qui a évoqué, dans son dernier rapport, les possibilités de mener l'ajustement de manière progressive. L'Algérie est l'un des rares producteurs de pétrole qui continue à faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi. Le nombre d'investissements déclarés ces trois dernières années représente 70% de création d'activité depuis 2002 (24.386 projets lancés entre 2013 et 2016). L'emprunt obligataire lancé en avril dernier évolue de manière « correcte ». « Ce sont des signaux forts de confiance des investisseurs en l'économie algérienne », a indiqué Sellal. Un pays souverain S'adressant au peuple et se voulant rassurant, Sellal a affirmé que « l'Algérie est un pays sûr et stable, dirigé par le moudjahid Bouteflika, derrière qui sont mobilisées et engagées toutes les institutions du pays, l'Algérie est souveraine et maître de ses décisions politiques et économiques, malgré les difficultés économiques, elle ne reniera jamais ses engagements envers ceux qui entament une vie active, qui travaillent ou ceux qui sont au repos après des années de labeur, l'Algérie est engagée dans une formidable œuvre de renouveau national et vous invite à participer à ce challenge de l'Algérie du 21e siècle ». Il a réitéré « la disponibilité » du gouvernement à « la concertation et au dialogue sans exclusion » et sur toutes les questions d'intérêt national dans le cadre du strict respect des lois. Outre les trois partenaires (Gouvernement, UGTA et patronat), les travaux de la tripartite ont vu la participation d'experts économiques, des walis et du secrétaire général du Snapap, Felfoul. L'ordre du jour de la rencontre s'articule autour du modèle économique de croissance, de l'investissement, création de richesse et d'emploi et du système national de retraite. Nouria Bourihane Loukal va améliorer la situation des banques Le Premier ministre est revenu sur la désignation de Mohamed Loukal à la tête de la Banque d'Algérie. « La désignation par le chef de l'Etat de Loukal à la tête de la Banque d'Algérie a des objectifs clairs », a indiqué Sellal. « C'est un banquier. Il est très sensible aux questions relatives à l'investissement. Bien informé, il est appelé à améliorer la situation au niveaux des banques et à l'impact de l'économie nationale » a indiqué Sellal. N. B. « Les contraintes du foncier doivent être levées » La présence des walis à la rencontre de la tripartite s'explique, selon Sellal, par la gestion du dossier du foncier. Les walis ont toutes les prérogatives pour « lever les contraintes relatives à la gestion du dossier du foncier », a indiqué Sellal, qui précise qu'ils sont autorisés à « délivrer des dérogations » sur information du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. « Vous n'avez plus aucun prétexte. Il faut juste préserver les terres agricoles. Le reste, il faut faciliter les choses », a-t-il précisé. Sellal rappelle que la volonté politique existe et que le problème est dans « es mentalités ». « Il y a une coordination avec le ministère de l'Industrie pour régler le problème du foncier » a indiqué Sellal, précisant que cette question bénéficiera « d'un suivi rigoureux pour régler les contraintes bureaucratiques ». N. B. Instruction écrite pour les retards dans la réalisation des projets Le gouvernement a pris des mesures pour faire respecter les délais de réalisation des projets par les entreprises. « Nous allons donner des instructions écrites pour assurer le suivi des projets et voir cette question de délais de réalisation », a indiqué Sellal.