Paru aux éditions Chihab , l'ouvrage de Abdelkrim Badjadja recentre le débat sur la colonisation du Constantinois, qui était la contrée la plus vaste, la plus peuplée et la plus prospère de la Régence d'Alger. L'auteur évoque cette colonisation par des batailles sanglantes pour assiéger la ville. La prise de l'antique Cirta par la soldatesque française s'étend sur deux périodes consécutives, 1836 et 1837, dont la première se solda par une lourde défaite tandis que la seconde permit aux troupes françaises d'entrer à Constantine le 13 octobre 1837. Dans ce livre plein d'informations auxquelles se greffent des détails historiques et événementiels, Abdelkrim Badjadja relate avec précision cet assaut et ce siège malgré la défense de l'armée constantinoise composée d'hommes assurant la défense de la ville sous la férule de Mohamed Belebdjaoui et Ali Benaissa, ainsi que d'autres sous la bannière de Hadj Ahmed Bey, avec 5000 cavaliers et 1500 fantassins. Ce livre fort intéressant nous renseigne sur le quotidien de cette époque. De ce fait, l'auteur évoque avec moult détails le plan de Constantine, notamment les localités de Sidi mabrouk, Djenane tchina, Essouiqa, Sidi m'Cid et les portes principales comme Bab el Oued et Bab El Djabia, les quartiers commerçants, notamment El Moukof et Souk el Acer, les diverses corporations de métiers, entre autres les teinturiers, les selliers, les menuisiers, les dinandiers ainsi que les monnaies les plus utilisées comme le rial en argent, le mahboub en or, le soltani en or, la khamsa drahem en cuivre et zoudj drahem seghar en cuivre. Il cite les mosquées principales dont la grande mosquée, Djemaa Rahbat essouf, Djemaa Sidi Lakhdar et de Sidi El Kettani, et les trois synagogues pour la communauté juive qui représentait 10% de la population, soit 3000 personnes, notamment celle de Sla Rebbi Messaoud, qui porte le nom du rabbin Messaoud Zeghib qui vécut à Constantine au XVIIIe siècle. Abdelkrim Badjadja donne un aperçu de la forme d'organisation du beylik et des grandes familles influentes de cette époque. Les différents chapitres dont Constantine à l'époque de Hadj Ahmed Bey, 1836, La défaite de l'armée française, Octobre 1837 et Principaux protagonistes de la bataille de Constantine nous révèlent avec précision une période mouvementée et tourmentée ayant engendré l'engagement populaire dans les combats de rues. Les deux sièges de la ville Pour Badjadja, cette lutte acharnée a opposé deux armées, l'une coloniale et l'autre du peuple, qui s'est prolongée et développée dans le combat de rues avec la participation d'hommes, de femmes et parfois d'enfants. Cet essai renvoie à ces deux sièges de la ville et met en évidence une armée algérienne pleine de vaillance et de bravoure. Le travail tout en exactitude et en minutie de cet ancien directeur général des archives nationales témoigne d'un pan de notre histoire et des méfaits de la colonisation française. Elle rappelle à la mémoire collective que quelle que soit la période, le peuple a toujours été vaillant et a répondu présent à toutes formes de lutte. Il est à noter que l'auteur a toujours travaillé dans les archives et qu'il assume les fonctions de consultant en archives depuis 2002 à Abu Dhabi. Ce livre est une grande source d'informations souvent occultées qui permettent de bien appréhender cette période.