L'Organisation mondiale de la santé (OMS) publie pour la première fois un rapport sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation dans 178 pays, rendu possible grâce aux données d'une enquête standardisée menée en 2008. Il ressort de ce travail de fond que la majorité des accidents mortels de la route se déroulent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, soit 90%, alors que paradoxalement, ces pays ne comptent que 48% du parc automobile mondial. Le taux de mortalité relatif aux accidents de la route est de 21,5 pour 100 000 habitants pour les pays à revenu faible et de 19,5 pour 100 000 dans les pays à revenu intermédiaire. La première cause de cette hécatombe est la vitesse qui tue chaque année 1,2 million de personnes, cause 20 à 50 millions de blessures à d'autres et est une cause importante de handicap. Malgré cet état de faits, les limitations demeurent efficaces dans seulement 10% des pays. 29% des pays ont réduit la vitesse à 50 km/h ou moins en ville. Une situation favorisée par le manque de radars fixes ou mobiles et d'agents de l'ordre formés pour le contrôle, particulièrement en Afrique.La conduite en état d'ivresse arrive en seconde position des causes des accidents de la route. En la matière, si 90% des pays disposent d'une loi nationale pour réprimer ce délit, seuls 49% ont fixé un seuil légal d'alcoolémie inférieur à 0,05 gramme par litre. Seuls 11% des pays ont décidé de baisser ce seuil pour les jeunes et les détenteurs de nouveaux permis. Les victimes les plus vulnérables de ces accidents de la route sont les piétons, les cyclistes et les usagers de deux roues motorisées. Les piétons, les premiers touchés En effet, la première évaluation mondiale de la sécurité routière révèle que 1,27 million des personnes qui meurent dans un accident de la route annuellement sont des piétons, des motocyclistes et des cyclistes qui restent moins protégés que les occupants des voitures. En Asie du Sud-Est, la mortalité de ces usagers vulnérables de la route dépasse les 90% de la totalité des morts. Les accidents de la route sont l'une des principales causes de décès, en particulier chez les jeunes de 5 à 44 ans, selon Michael Bloomberg, le maire de New York, dont la fondation a financé ce rapport. Une réalité qui démontre que les efforts de prévention dans ces pays restent insuffisants. De nombreux autres ne disposent pas de législation routière adaptée pour lutter contre les causes à l'origine des accidents de la route ou pour rendre obligatoire le port du casque, la ceinture de sécurité et les sièges pour enfants. Concernant le port du casque, si une législation existe dans 90% des pays, seuls 40% ont une loi qui rend son port obligatoire pour les conducteurs et les passagers de motocycles, tout en prévoyant des normes pour les casques. 74% des pays l'imposent aux motards en permanence. Le Vietnam, qui s'est doté d'une loi sur le port du casque, a vu les chiffres de sa mortalité diminuer depuis que 95% des pilotes de deux roues l'ont adopté. D'après les experts en matière de sécurité routière, le port de la ceinture de sécurité réduirait le risque de décès de 40 à 50% pour les passagers assis à l'avant. Or, seuls 38% des pays à faible revenu ont rendu son port obligatoire. Quant aux dispositifs de sécurité pour enfants (sièges et rehausseurs), la moitié des pays sont dépourvus d'une législation. Dans 43% des pays, aucune norme de sécurité n'existe et seuls 15% des pays disposent d'une législation qui englobe ces cinq facteurs de risque d'accident. Le nombre de décès pourrait doubler d'ici à 2030 Si les accidents de la route ont baissé ces dernières décennies dans beaucoup de pays à revenu élevé, les recherches ont montré que dans la plupart des régions du monde, le nombre de décès augmente et atteindra 2,4 millions par an d'ici 2030, si des mesures ne sont pas prises pour contrecarrer cette évolution. La région de la Méditerranée orientale et celle africaine détiennent les taux les plus élevés de mortalité dont certains ne disposent pas de données fiables sur les accidents de la route. Les pays exemplaires, avec les taux les plus faibles, sont les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. Parmi ces mesures, le rapport indique celles prises en vue d'investir dans les transports publics, de favoriser les déplacements à pied et à vélo, les normes de fabrication des véhicules, les obligations relatives aux contrôles de sécurité routière, et l'existence de systèmes de soins préhospitaliers et de numéros d'appel d'urgence. Ce rapport, qui a l'avantage d'être la première évaluation mondiale sur la sécurité routière et qui donne pays par pays des cartes de mortalité et de morbidité routières, doit servir «d'identification pour aider les acteurs locaux à appeler le législateur a améliorer les lois pour la sécurité et la prévention routière», estime-t-on à l'OMS.