En finissant lundi cinquième du 100 mètres dos, Camille Lacourt, 31 ans, ne sera certainement jamais médaillé olympique. «Ça me déplaît d'être battu par un Chinois [Xu Jiayu, deuxième] [sic]. En même temps, je vois le podium du 200 m, ça me donne envie de vomir», a lâché le Français à l'issue de sa course, en référence au sacre sur cette distance, quelques minutes plus tôt, du Chinois Sun Yang, qui avait été suspendu pour dopage en 2014, et dont la médaille d'or laisse moult observateurs circonspects. Lacourt n'a pas non plus épargné d'autres anciens nageurs suspendus (les Russes Yuliya Efimova ou Vladimir Morozov, le Coréen Park Tae-hwan) également présents à Rio : «Je suis très triste de voir mon sport évoluer de cette façon. J'ai l'impression de voir de l'athlétisme avec deux ou trois dopés dans chaque finale. J'espère que la FINA [Fédération internationale] va vite réagir et arrêter ce massacre, parce que ça devient triste». Et d'ajouter, ironique : «Ils n'ont qu'à faire une fédé de chargés et s'amuser entre eux. Ce n'est pas comme ça que je conçois le truc. Ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur les podiums. Sun Yang, il pisse violet !» Un signal d'alarme qui a également été tiré par d'autres champions. L'Australien Mack Horton, titré sur 400 m nage libre, a traité samedi le Chinois de «tricheur dopé». Véritable icône sportive dans son pays, Sun Yang avait été contrôlé positif lors d'une analyse antidopage en mai 2014 et avait été suspendu trois mois. La suspension avait été imposée en juillet 2014 par l'Agence antidopage chinoise et Sun s'était aligné aux Jeux asiatiques d'Incheon (Corée du Sud) en septembre. Il avait été contrôlé positif à un stimulant (trimétazidine), mais l'information n'avait été rendue publique que quelques semaines plus tard. Efimova sous les sifflets L'Américain Michael Phelps, l'homme aux dix-neuf médailles d'or olympiques, a également clairement déploré, comme Camille Lacourt, la présence de certains nageurs contrôlés positifs par le passé. «C'est triste qu'il y ait des gens contrôlés positifs, même deux fois pour certains, qui ont quand même l'occasion de nager aux Jeux olympiques. C'est contraire à ce que le sport est censé être et ça m'énerve». «Cela me fend le cœur et j'aimerais que quelqu'un fasse quelque chose à ce sujet», a déclaré le champion, en référence notamment au cas de la Russe Efimova. Suspendue seize mois pour un contrôle positif à un stéroïde en 2014, Yulia Efimova avait de nouveau été contrôlée positive en mars, cette fois au meldonium. Sa suspension avait toutefois été levée. Lundi, c'est sous les sifflets nourris du public qu'elle a été médaillée d'argent du 100 m brasse. Sa compatriote Viktoriia Andreeva a elle aussi été sifflée avant sa demi-finale du 200 m 4 nages.