A l'approche de la tenue de la réunion informelle des pays de l'Opep, prévue fin septembre à Alger, des rapprochements de positions se forment entre de grands pays producteurs de pétrole, laissant entrevoir une possibilité de stabilisation des prix dans les prochains mois. La Russie et l'Arabie saoudite ont, en effet, tenu une réunion hier en marge du Sommet du G20 en Chine, et ont trouvé un terrain d'entente pour une coopération qui pourrait éventuellement déboucher sur un gel des niveaux de production. Ces deux producteurs de pétrole ont annoncé dans un communiqué commun, repris par des agences de presse, «la constitution d'un groupe de travail chargé d'examiner la situation du marché du pétrole et de recommander des mesures et des initiatives pour garantir sa stabilité». Mais le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a préféré nuancer ses propos, écartant le gel de la production. Il a déclaré aux chaînes de télévision qu'un tel gel était «une des possibilités privilégiées mais pas nécessaire aujourd'hui». Ce ministre a ajouté qu'«il n'y a aucune nécessité aujourd'hui de geler la production (...) Nous avons le temps pour prendre ce genre de décision». Mais la volonté de coopérer entre la Russie et l'Arabie saoudite dans le but de stabiliser le marché a vite fait réagir les cours du pétrole qui ont enregistré une forte hausse. Le brut a enregistré une progression d'environ 3,35%, à 45,63 dollars alors que le brent a gagné environ 2,78%, et se situait à proximité des 48,13 dollars. En dépit de l'accord entre ces deux pays producteurs, la réunion informelle de l'Opep, prévue à Alger, pourrait avoir un impact sur le marché, à condition de dégager un consensus. Le vice-président de l'Association algérienne de l'industrie du gaz, Abdelmadjid Attar, est convaincu que «seul le gel de la production pourrait déboucher sur une stabilisation des prix». Mais aussi, a-t-il ajouté sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, il faut que tous les acteurs du marché respectent les quotas de production. Car, explique-t-il, les pays de l'Opep augmentent généralement leur niveau de production et mettent aussi une moyenne de six millions de barils/jour sous forme de condensât et de GPL. Un baril à 60 dollars, c'est possible «Il faut même envisager une réduction de la production car ça sera un signal au marché, ce qui entraînera une hausse des cours», a pronostiqué l'expert et ancien Pdg de la compagnie nationale Sonatrach, insistant sur l'importance d'un consensus entre les pays producteurs. Concernant la réunion informelle de l'Opep à Alger, Attar a relevé l'importance qu'elle représente dans la mesure où elle sera l'occasion pour renforcer les espérances d'un éventuel accord autour d'une possibilité de stabilisation des prix. A priori, «tous les pays sont d'accord», sans toutefois définir leur position. «Tous les signaux sont positifs pour déboucher sur un accord. Néanmoins, malgré les signaux positifs, il faut attendre quand même», a-t-il suggéré. Pour les prévisions relatives aux prochains mois, Attar ne s'attend pas à une augmentation des cours d'ici à la fin de 2016. «La réunion d'Alger doit aboutir à la stabilisation des prix pour se situer à une moyenne de 50 dollars/baril», prévoyant l'atteinte de 60 dollars en 2017. Cependant, «s'il n'y a pas de consensus, les prix resteront à leur niveau actuel qui est en moyenne de 45 dollars». C'est le prix d'équilibre pour la période actuelle, car il ne faut pas perdre de vue, notamment, la récession qui frappe de nombreux pays. Depuis 2015, le niveau moyen des prix du pétrole tourne autour de 47-48 dollars le baril. Les niveaux de production des pays de l'Opep n'influent plus sur les cours et ce sont d'autres paramètres, en revanche, qui les déterminent. «Nous sommes, dit-il, en train d'entrer dans une nouvelle ère où la consommation énergétique va complètement changer», a-t-il prévenu. «La consommation énergétique dans le monde va complètement changer, ce qui signifie que ce qui va conditionner le prix va changer aussi». Comme l'offre est supérieure à la demande de deux millions barils/jour, les pays de l'organisation ont tout l'intérêt à se mettre d'accord avec la Russie, a insisté le spécialiste. «Il faut mettre les problèmes politiques de côté», a-t-il encore conditionné la réussite de la réunion d'Alger qui nourrit de grands espoirs pour stabiliser les prix du pétrole. Mais ce spécialiste a préféré tempérer cet optimisme, en rappelant que si la majorité des membres de l'Opep semble s'être mise d'accord en faveur d'une telle mesure, certains de ses membres, à l'exemple de l'Iran, «n'ont pas encore clairement défini leur position».