L'inscription en 1992 de la Casbah d'Alger au patrimoine mondial lui a valu le bénéfice de sommes faramineuses pour sa réhabilitation. En deux décennies, la vieille cité a englouti des dizaines de milliards de dinars, montant qui laisse planer hypothèses et questionnements quant à sa prise en charge de manière efficiente. A la faveur de l'embellie financière et du baril à 140 dollars, l'Etat avait dégagé des enveloppes conséquentes à même de faire face aux problèmes et contraintes rencontrés dans le cadre de la gestion du dossier Casbah (relogement des familles, aides aux propriétaires, dédommagement des commerçants, etc.), auquel le président de la République avait, dans l'un de ses discours, accordé une importance particulière. Au début des années 2000, un engouement particulier a été manifesté avec un certain nombre de projets de restauration des palais, résidences et mosquées situés dans le périmètre protégé. En somme, l'argent a toujours été disponible pour répondre aux besoins des projets de réhabilitation. Même en période d'austérité. Pour preuve, la wilaya d'Alger, à travers sa direction des équipements publics, a annoncé la semaine dernière la somme de 100 milliards de centimes destinés à la restauration de quatre monuments historiques situés au cœur de la cité. Il s'agit du palais Hassan-Pacha en état de délabrement. Ce joyau architectural de style maghrébin qui a subi une série de transformations de type néogothique et oriental durant la période coloniale est considéré comme un exemple vivant du génie civil durant le 18e siècle. Sont également concernés la maison de la moudjahida Djamila Bouhired, celle de l'homme de théâtre et du cinéma Mahieddine Bachtarzi ainsi que la mosquée El Barrani. Les bureaux d'études chargés de ces projets ont été installés et s'apprêtent à entamer les travaux de réfection des dits monuments déclarés en état de dégradation avancée. A noter, toujours selon la direction des équipements, l'inscription d'autres opérations de restauration confiées à cette dernière suite au transfert du dossier Casbah du ministère de la culture vers la wilaya d'Alger. Les opérations en question qui jouissent d'un budget de 18 milliards de dinars toucheront dans un premier temps La Citadelle, avant de s'étendre aux bâtisses situées dans la basse Casbah. Cependant, il est utile de rappeler que l'inscription de ces projets, au demeurant louables dans la mesure où ils sont destinés à préserver le patrimoine culturel des Algériens, a généré des dépenses énormes liées aux programmes passés et dont les résultats restent critiquables. D'aucuns parlent de dilapidation de deniers publics. Les autorités locales sont jusqu'à présent confrontées au problème du relogement des familles occupant toujours des bâtisses vétustes. Des propriétaires complices, de mauvaise foi et mus par le gain facile continuent de faire de leurs biens un moyen de trafic. Les statistiques sont assez claires pour prouver que la population totale de la Casbah a été relogée. A cet égard, le premier responsable de la wilaya avait en personne déclaré que certaines familles ont bénéficié de plusieurs logements, ce qui conforte l'idée de la mauvaise gestion du dossier. Aujourd'hui, hormis quelques projets concrétisés ou en cours, le fameux plan de sauvegarde du périmètre protégé a été mis indirectement en veilleuse. Espérons donc que le changement de main du dossier Casbah donnera un coup de fouet à sa prise en charge dans les conditions et délais les meilleurs. Le wali Abdelkader Zoukh est tout désigné pour mener à bien pareille mission.