Si ce mois de septembre venait à rappeler aux Algériennes et aux Algériens un événement récent, c'est sans doute la mise à la retraite du désormais ex-général de corps d'armée, Mohamed Mediène, dit Toufik. Le puissant général, dont le nom a toujours été associé au fameux DRS (Département du renseignement et de la sécurité), a vu son «mythe» tomber un certain 13 septembre 2015. Ce qui était de tout temps inimaginable, Abdelaziz Bouteflika l'a fait. Le président de la République, ministre de la défense nationale, a usé de ses prérogatives, notamment «les dispositions des articles 77 (alinéas 1 et 8) et 78 (alinéa 2) de la Constitution», précisait une dépêche de l'agence officielle APS, reprenant un communiqué du palais d'El Mouradia, pour «mettre fin aux fonctions de chef du Département du renseignement et de la sécurité, exercées par le général de corps d'armée, Mohamed Mediène, admis à la retraite». «Une légende tombée», «Fin d'un mythe»… les titres de une des journaux seront gravés dans la mémoire collective des rédactions. Il s'agissait de la fin d'un quart de siècle de règne sur les «services». Un an donc passé, l'ombre du général Toufik reste cependant présente dans l'entourage du pouvoir, puisque nombreux sont les évènements ou les sorties qui lui seront collés. Ce fut le cas, moins de deux mois après son «départ», soit en novembre 2015, pour l'initiative du groupe des 19 personnalités, dont Zohra Drif Bitat, Lakhdar Bouragaa, Khalida Toumi et Louisa Hanoune, qui ont demandé une audience au président Abdelaziz Bouteflika. L'atypique secrétaire général du FLN, parti du pouvoir, ira même jusqu'à accuser l'ex-patron du DRS d'être derrière le rachat du groupe El Khabar. «Celui qui veut acheter El Khabar et El Watan, c'est la tête de la pieuvre (général Toufik) au nom de Rebrab pour préparer la présidentielle», avait déclaré, en mai dernier, Amar Saâdani, lors d'une conférence de presse. Dans l'entourage de Bouteflika, c'est devenu presque une paranoïa. Le général Hassan et Aït Ahmed Pourtant, les Algériens eux, ont appris à vivre sans Toufik après des années où la simple évocation de ce nom était un tabou. Même le concerné, désormais ancien général à la retraite, a, semble-t-il, fini par admettre qu'il était temps pour lui de se mettre à l'écart du pouvoir et de la décision. Mohamed Mediène n'a d'ailleurs fait qu'une seule sortie médiatique, pour défendre son bras droit, le général Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, condamné à cinq de prison, en novembre 2015. Dans une déclaration écrite à trois journaux algériens, Toufik s'est dit «consterné par le verdict du tribunal militaire d'Oran», évoquant «l'exemplarité» de son ancien subordonné, chargé de l'antiterrorisme au sein des services de renseignement. Le général Hassan «s'est entièrement consacré à sa mission», estimait l'ancien patron du DRS dans sa lettre du 4 décembre de l'année dernière. Hélas, sa sortie médiatique ne changera en rien le destin du général Hassan. Mis à part cette fois, Toufik entretiendra le mythe autour de lui, même après sa retraite. Seule la mort du grand révolutionnaire et opposant au régime, Hocine Aït Ahmed, en janvier, l'emmènera à sortir en public. A minuit de ce 1er janvier, il se recueillera devant la dépouille du «Zaïm» au siège du FFS à Alger, avant de présenter ses condoléances à sa famille. C'est là d'ailleurs qu'il sera pris en photo pour la dernière fois.