L'Algérie connaît une expansion potentielle du phénomène sectaire. Le «printemps» arabe leur a ouvert une large brèche pour arriver sur notre territoire. D'essence religieuse, le soubassement est la «révolution» ou la déstabilisation du pays. Elles sont nombreuses. Bien que pratiquant certains rites étranges, elles trouvent en nos compatriotes des adeptes fidèles pour les suivre dans leurs errements. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a cassé les tabous religieux. Depuis son intronisation à la tête du ministère, il multiplie ses sorties médiatiques sur tous les supports, alertant sur les velléités de certains de reconvertir et de recruter des Algériens, notamment la population la plus fragile, les jeunes, à leurs idéaux. Le danger est présent. Le ministre n'y va pas par quatre chemins pour mettre le doigt sur la plaie. «L'Algérie est actuellement sujette à une invasion sectaire étrangère à sa culture, mettant en danger son référent religieux, à l'effet de la déstabiliser et la diviser sur une base rituelle», a-t-il alerté, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Les craintes du premier responsable des affaires religieuses sont-elles justifiées et à la mesure de la menace que font peser ces sectes sur la cohésion nationale ? Sous couvert de la religion, différents courants ou sectes présents en Algérie s'activent à la déstabiliser. Pour mettre en lumière le danger permanent représenté par ce qu'il décrit comme une «invasion sectaire préparée», le ministre des Affaires religieuses rappelle les agissements mis récemment à jour d'une mouvance «Ahmadite», dont le chef a été arrêté durant ce week-end. S'il relève que le «Ahmadisme» n'est pas radical dans sa démarche, il n'en considère pas moins qu'il est étranger à l'Algérie, dans le sens où, ajoute-t-il, il est géré au profit d'une officine occidentale qu'il n'a pas nommée et qu'il s'attaque à l'organisation du culte en Algérie «avec des arrière-pensées idéologiques». Ce que certaines parties ont réalisé en Irak, en Syrie et qui tentent d'en faire autant en Libye rêvent aussi de le traduite dans les faits en Algérie, déclare encore Mohamed Aïssa. 139 écoles coraniques hors contrôle Ainsi, malgré les discours rassurants sur la gestion de l'Islam radical, la réalité démontre chaque jour le contraire. Selon l'aveu du ministre des Affaires religieuses, pas moins de 139 écoles et salles de cours «coraniques» échappent complètement au contrôle de l'Etat. «Ces écoles sont créées un peu partout dans le pays. Mais elles ne détiennent aucune autorisation. Un décret de 1984 exige la signature d'une autorisation du ministère des Affaires religieuses avant la création de chaque école. Or, ni moi ni mon prédécesseur n'ont signé un quelconque document dans ce sens», a-t-il indiqué. Le ministre précise que les responsables de ces écoles doivent faire connaître leur programme et les enseignants qui y travaillent afin de «prémunir» les enfants du discours radical. Pour lui, ceux qui travaillent dans ces établissements doivent adopter un discours conforme «au référent religieux national». Or, il se trouve, selon le ministre, qu'en plus des salafistes, des chiites et des adeptes d'autres religions ont créé des écoles un peu partout dans le pays. Il n'y a pas que les écoles coraniques qui échappent au contrôle de l'Etat. Les salles de prière créées dans les universités, résidences universitaires ainsi que dans des entreprises publiques ou privées ne sont pas non plus sous contrôle. Le ministre a rappelé que cette situation est née lorsque des ministres du gouvernement n'ont pas «partagé sa vision pour la création d'un observatoire contre la radicalisation».