Si l'Algérie a réduit considérablement la menace du terrorisme dont elle combat efficacement les résidus grâce à l'action déterminée de l'ANP, la vigilance doit être renforcée contre l'invasion sectaire étrangère à sa culture, qui met en danger son référent religieux, avec le risque de voir le pays déstabilisé et divisé sur une base rituelle. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a parlé, hier matin, de ce danger au cours de son intervention dans l'émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne III de la Radio nationale, dans un contexte qui place le terrain religieux par sa politisation, au centre de tentatives de porter atteinte à notre pays. Le ministre estime qu'il s'agit carrément d'invasion sectaire vécue par notre pays après avoir traversé la phase expérimentale du radicalisme religieux, qui relève du passé maintenant. Ce danger «sectaire» est suffisamment pris au sérieux pour que Mohamed Aïssa évoque la mobilisation sur ce terrain des cadres de son ministère appelés à y faire face. Les imams partagent les efforts de prévention dans ce domaine avec l'élite intellectuelle et les médias. Dans ce but, des caravanes culturelles et cultuelles, sont également chargées de sillonner les mosquées dans les diverses régions du pays. La communauté algérienne établie à l'étranger, en particulier en France, est également concernée, en accord avec les autorités françaises compétentes, par cette démarche visant à l'«immuniser» contre les tentatives de radicalisation. Dans cette lutte, l'expérience algérienne est devenue une véritable école et un référent pour les pays concernés par ce phénomène du radicalisme religieux et qui veulent l‘affronter parce qu'ils y voient une source qui créé les conditions de recrutement destiné à renforcer les groupes terroristes. Ces groupes extrémistes violents ciblent les plus vulnérables parmi les jeunes qui sont certainement pieux, comme le reconnaît le ministre, mais sont démunis de tout savoir religieux et sont réceptifs aux référents idéologiques du radicalisme. Pour Mohamed Aïssa, les imams mais aussi les enseignants des instituts religieux ainsi que les cadres de son département ministériel sont qualifiés et en mesure de détruire les fondements du radicalisme religieux. Leurs efforts sont conjugués avec ceux des services de sécurité, tous corps confondus, fait savoir le ministre qui précise que cette action concertée, qui prend en compte les données internes et internationales de la lutte contre le radicalisme religieux, a pour cadre une cellule qui siège au ministère de l'Intérieur. A ce sujet, le ministre souhaite créer un think tank qui travaillerait à analyser ce phénomène qui est lié à d'autres aspects visant l'invasion sectaire en Algérie. Il pense que cette réflexion aiderait à démasquer la source unique de cette invasion qui cherche à déstabiliser notre pays qui a su, rappelle le ministre, résister au à ce qui a été appelé «printemps arabe» mais qui a débouché, souligne Mohamed Aïssa, sur un fiasco international. Mohamed Aïssa a annoncé que le chef de la secte religieuse «Ahmadiya » a été arrêté durant ce week-end. Certes, le «ahmadisme» n'est pas radical dans sa démarche, mais il est étranger à l'Algérie, et surtout, précise le ministre, il est géré au profit d'une officine occidentale qu'il n'a pas nommée et qui s'attaque à l'organisation du culte en Algérie avec des arrières pensées idéologiques. Ce groupe a eu l'audace, révèle le ministre, d'organiser une prière du vendredi hors-normes et hors-contexte national en donnant l'allégeance à un pseudo-prophète. Ce groupe s'est constitué en secte et il procède même à une collecte d'impôt dont le produit est exporté au profit de ce pseudo-prophète fait savoir le ministre. Aussi dangereux, sinon plus, le ministre a évoqué le courant des moudkhalistes, autre nom des salafistes, dont le chef installé en Arabie Saoudite, appelle les Algériens, par internet et à l'occasion de la omra, à rejoindre Benghazi, en Libye, pour combattre une autre mouvance extrémiste qui est celle des Frères musulmans. Pour Mohamed Aïssa, ce que certaines parties ont réalisé en Irak, en Syrie et tentent d'en faire autant en Libye, rêvent, aussi de le traduite dans les faits en Algérie. Il fait savoir que sur 139 écoles coraniques, certaines ont été fermées pour radicalisme ou prosélytisme chiite. Les autres doivent demander l'autorisation du ministère. La question des lieux de prière installés dans les universités ou dans les entreprises est actuellement examinée pour empêcher qu'ils soient des occasions de radicalisation.