Les prix du pétrole ont frôlé hier les 54 dollars, le plus haut niveau de l'année après les déclarations convergentes, hier à Istanbul, du président russe Vladimir Poutine et du ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh. C'est en marge du Congrès mondial de l'énergie qui se déroule dans la capitale turque que le ministre saoudien a déclaré qu'un baril de brut à 60 dollars était envisageable d'ici la fin de l'année. «Nous voyons une convergence de l'offre et de la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrivera à (un baril) à 60 dollars d'ici la fin de l'année», a-t-il pronostiqué. Une déclaration qui n'a pas tardé à faire son effet sur les bourses mondiales, en donnant un grand coup de pouce aux cours. Quelque temps après les propos tenus par le responsable saoudien, c'est au tour du chef de l'Etat russe, en visite officielle en Turquie, de stimuler davantage les indices de la Bourse du pétrole à Londres comme à New York. «La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production» de pétrole, a déclaré Poutine dans une allocution lors du Congrès, ajoutant que «dans le contexte actuel, nous pensons qu'un gel ou une réduction de la production de pétrole est le seul moyen pour préserver la stabilité du secteur de l'énergie et accélérer le rééquilibrage du marché», a justifié Poutine. Ces déclarations de deux responsables dont les pays représentent à eux seuls un cinquième de la production mondiale du brut, étaient pratiquement inattendues de la part des pays producteurs, qui ont désormais le droit d'espérer le meilleur, en attendant la rencontre informelle qui se tiendra après-demain entre les pays membres de l'Opep et la Russie pour décider d'une véritable action commune, en mesure de ramener les prix aux niveaux espérés, à savoir autour de 60 dollars/baril. Eviter un deuxième choc Ceci dit, avertit Al-Faleh, il faudrait éviter une baisse drastique de la production, laquelle est susceptible de provoquer un choc sur les marchés. «Ce n'est pas le prix que je regarde, mais plutôt l'offre et la demande», a-t-il ajouté, estimant que l'Opep «doit faire en sorte de ne pas trop resserrer (la production) afin de ne pas provoquer de choc sur le marché». «Nous ne voulons pas créer un choc sur le marché et déclencher un processus susceptible d'être nuisible», a-t-il encore noté. Avant que Poutine et Al-Faleh ne se prononcent, les prix s'étaient orientés à la baisse, au cours des échanges électroniques, du fait de l'absence à ce sommet des ministres iranien et irakien du pétrole, ce qui avait été interprété comme de mauvais augure pour l'avancée des négociations, selon des observateurs. Aussi, les acteurs de marché se sont montrés attentifs cette semaine à la publication des estimations sur le marché du pétrole de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), de l'Opep et du département américain de l'énergie (DoE). Les trois agences devraient confirmer que l'offre est trop importante quand elles publieront leurs estimations de l'offre et de la demande, prévoient les analystes de Commerzbank dans une note. Le Congrès mondial de l'énergie se tient tous les trois ans et rassemble des centaines de participants venus des différentes régions du monde pour discuter des transformations dans ce secteur. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ainsi que ses homologues russe, Vladimir Poutine, et vénézuélien, Nicolas Maduro, figurent parmi les participants. Rien que la présence des présidents de ces deux derniers pays, grands producteurs, a aussi eu un impact positif sur les prix. Pour la délégation algérienne représentée par le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, il s'agit d'une victoire qui s'ajoute à la décision «historique» de l'Opep, fin septembre à Alger. Le brent à plus de 53 dollars Le prix du baril de brent grimpait hier après-midi, évoluant à ses plus hauts niveaux jamais atteints depuis un an. Vers le début de l'après-midi, le cours du baril de brent de la mer du Nord valait 53,50 dollars, son niveau le plus fort depuis octobre 2015. A New York, le pétrole a également ouvert en hausse, soutenu par des déclarations russes et saoudiennes, alors que les pays producteurs de brut, membres et non membres de l'Opep, tenaient hier une réunion en marge du Congrès mondial de l'énergie à Istanbul. Ainsi, le cours du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, gagnait 71 cents, à 50,52 dollars sur le contrat pour livraison en novembre sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). «Les dernières nouvelles sont bonnes et c'est pour cela que le prix monte», a expliqué Bob Yawger de Mizuho Securities USA.