L'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen Ismail Ould Cheikh Ahmed a annoncé lundi qu'il allait reprendre des consultations après le rejet de son plan de paix par les belligérants et qu'il espérait un règlement complet dans les prochaines semaines. Il a indiqué au Conseil de sécurité qu'il allait retourner immédiatement dans la région pour entamer des consultations avec les deux parties à Sanaa et Ryad dans le but de parvenir à un accord détaillé fondé sur la feuille de route qu'il a présentée aux deux camps. Il a exprimé l'espoir de parvenir à un règlement complet dans les prochaines semaines si les parties dialoguent de bonne foi et font des concessions. Il est temps pour les parties de comprendre qu'il ne peut pas y avoir de paix sans concessions ni de sécurité sans un accord, a-t-il affirmé. Il a reconnu avoir été informé, de manière officieuse, que les parties avaient rejeté la feuille de route mais s'est prévalu d'un large soutien de la communauté internationale à ses propositions. Celles-ci, a-t-il précisé, incluent la création de comités militaires et de sécurité qui superviseraient les retraits et le dépôt des armes à Sanaa, Hodeidah et Taez, ainsi que des arrangements politiques intérimaires, notamment la nomination d'un nouveau vice-président et la formation d'un gouvernement d'union nationale menant finalement à des élections. Cette feuille de route est, selon le médiateur, conforme à la résolution 2216 de 2015, ce que conteste le gouvernement yéménite. Samedi, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a rejeté en bloc ce plan de paix, selon une source présidentielle, estimant qu'il s'agissait dune feuille de route injuste car elle constitue une dérogation explicite à la résolution 2216. Cette résolution prévoit le retrait des rebelles chiites Houthis des territoires qu'ils ont conquis depuis 2014, dont la capitale Sanaa, et la restitution des armes lourdes et moyennes. De leur côté, les Houthis exigent un arrêt des raids aériens que mène la coalition militaire arabe conduite par Ryad depuis son intervention au Yémen en mars 2015 et la formation d'un gouvernement d'union nationale en vue d'un règlement politique. Les rebelles ont estimé dimanche que le plan de paix offrait un cadre de discussion mais qu'il comportait des déséquilibres de fond qu'ils veulent évoquer avec le médiateur de l'ONU. Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh et les forces loyales au président Hadi, soutenues par une coalition militaire arabe menée par l'Arabie saoudite. Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de 7.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.