L'université de Bordj Bou Arréridj qui compte actuellement 17 000 étudiants n'en comptait à ses débuts que 300. Mais il n'y a pas que ce nombre qui a changé après 16 ans d'existence. Cette structure qui était un rêve pour les habitants de la wilaya qui devaient se rendre à Sétif, M'sila, Constantine, voire Alger pour leur cursus universitaire, a d'abord été l'annexe d'un lycée où les deux premiers instituts, à savoir ceux d'électronique et d'informatique, ont été placés. Ces derniers, qui accueillaient 300 étudiants formaient alors des techniciens supérieurs dans les deux domaines cités. Deux ans plus tard, la structure s'est développée avec l'inscription de nouvelles spécialités, comme les sciences économiques et les sciences de la vie. Avec l'adoption du système LMD, elle est devenue un centre universitaire. La croissance ne s'est pas arrêtée là, puisqu'en 10 ans, soit en 2012, elle décroche le statut mérité d'université. Cette dernière porte le nom d'un digne enfant de la wilaya qui s'est distingué dans la littérature, l'enseignement, les sciences islamiques et surtout la défense de la cause nationale avant l'indépendance et qui n'est autre que cheikh Bachir Ibrahimi. L'université Bachir Ibrahimi compte désormais 7 facultés : sciences de la nature et de la vie, sciences économiques, gestion et sciences commerciales, droit et sciences politiques, lettres arabes et langues étrangères, sciences humaines et sociales, sciences et techniques et enfin mathématiques et informatique. Elle s'est renforcée l'année dernière par l'ouverture d'un institut national d'électronique qui doit appuyer l'orientation de la wilaya dans ce domaine. Offrant une quarantaine de spécialités, elle a aussi près de 500 enseignants qui encadrent 16 166 étudiants, dont 4163 nouveaux. Quelque 15 000 étudiants sont inscrits en licence, 1143 en mastère et 50 postulants pour le doctorat. On est loin des diplômes limités des débuts. «Toutefois, cet encadrement reste en dessous des normes, bien qu'il diffère d'une faculté à l'autre», dira le recteur, le Pr Abdelkrim Benaiche dans un entretien accordé à notre journal. Pour lui, le problème se pose surtout au niveau de la Faculté des sciences de la nature et de la vie, qui connaît un grand manque d'enseignants. Un déficit est également enregistré en matière de langues étrangères comme le français et l'anglais. «Une cinquantaine de postes ont été ouverts pour renforcer ses capacités humaines, mais nous n'avons pas reçu beaucoup de dossiers», note le même responsable. La Faculté des mathématiques et informatique est dans la même situation, selon le Pr Benaiche, qui dénonce un autre problème, celui de la qualité de cet encadrement. «Nous manquons de maîtres de conférences, d'où notre incapacité à poursuivre l'ouverture de nouvelles sections de doctorat», dit-il. Les moyens ne suivent pas Autre problème auquel fait face cette université, celui d'être devenue une zone de transit pour les enseignants qui préfèrent partir à celle Sétif considérée comme une plus grande université ou celle de M'sila où ils peuvent disposer de la prime de zone. «Cette corporation oublie toutefois que notre université est située dans une région stratégique qui offre des perspectives de travail et de recherches intéressantes. Elle leur propose ensuite un cadre de travail adéquat. Elle a même la possibilité d'obtenir des logements pour assurer leur stabilité professionnelle et sociale», précise notre interlocuteur qui annonce que 50 logements ont été attribués à ce corps il y a quelques jours. «Et 50 autres vont suivre la semaine prochaine», a-t-il affirmé. Mais il n'y a pas que cette question qui préoccupe le recteur de l'université ; le manque de places pédagogiques pèse aussi sur les conditions de travail et d'études. Pourtant, 6000 places pédagogiques ont été inscrites il y a plusieurs années, mais leur réalisation qui devait se terminer en 2015 accuse du retard. Seules 2000 places ont été réceptionnées cette année, ce qui nous a permis de caser la Faculté des lettres arabes et de langues, dont les enseignants et les étudiants souffraient du transfert incessant d'un pôle à un autre. Ils ont d'abord occupé des locaux de la Faculté des sciences économiques, avant d'aller au siège de celle des sciences sociales, puis à El Anasser, où ils ont rejoint ceux de droit et des sciences politiques. «Ce n'est que ces jours-ci qu'ils ont eu leur propre siège», affirme le Pr Benaiche. Restent les 4000 autres places qui pourraient prendre en charge les besoins de la faculté des sciences, par exemple, sachant que le département de biologie est logé à la bibliothèque centrale, avec ce que cela suppose comme contraintes», dira notre interlocuteur, qui rappelle que le projet est géré par la DLEP de la wilaya. Développer la recherche scientifique La recherche scientifique est une autre préoccupation essentielle de l'université. La structure qui a vu l'implantation de 6 laboratoires de recherche et d'un centre national d'études et de recherches dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication, a lancé plusieurs projets dans différents domaines. Mais le bilan reste insuffisant, selon le recteur de l'université qui souhaite que cette dernière s'ouvre plus sur son environnement et que les enseignants s'impliquent davantage dans cette activité qui est l'essence même du secteur. «Notre mission n'est pas seulement de former des cadres dont les différents secteurs ont besoin, nous devons aussi trouver des solutions aux problèmes que rencontrent la société en général et l'appareil de production en particulier», appuie-t-il. Certes, plusieurs congrès scientifiques ont été organisés pour rappeler l'intérêt accordé par l'université à son environnement. Les relations avec les autres universités ont été promues par la même occasion et de conventions ont été signées avec plusieurs entreprises de la région, même si les accords se sont limités, la plupart du temps, à l'accueil des étudiants pour qu'ils effectuent des visites d'usines ou des stages. «A l'avenir, nous voulons aller plus loin, à travers des rapports de partenariat bénéfiques pour les deux parties», nous dit le recteur qui a annoncé que des pourparlers ont été engagés avec le Forum des chefs d'entreprises (FCE), pour une convention globale qui permettra de concrétiser cette vision.Malgré toutes ces contraintes l'université de Bordj Bou Arréridj s'impose petit à petit dans le monde pourtant huppé des universités. Elle participe à des congrès à l'étranger, répond aux invitations qu'elle reçoit et aux classements de ses étudiants dans les différents concours pour l'obtention du doctorat. Mais les membres de la famille universitaire doivent être conscients des défis qui l'attendent pour se maintenir dans ce cercle d'élite, avancer dans le classement des universités et réaliser par la même occasion les objectifs de toute la population. Pionnière dans plusieurs domaines, la wilaya doit l'être aussi dans le domaine de l'enseignement supérieur. «Il y va de son devenir et de son statut», conclut le Pr Benaiche.