Décidément, les officines du Makhzen ne chôment pas. Après l'épisode de soi-disant poursuites espagnoles à l'encontre du président de la RAD, Brahim Ghali, ‘'tissées'' à la veille de la conférence européenne de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), voilà que ces mêmes cercles récidivent. Cette fois, c'est à la veille du 4e sommet arabo-africain que sa majesté Mohamed VI et ses alliés monarques du Golfe passent à l'acte. Les délégations marocaine, saoudienne et émiratie ont annoncé, mardi, leur retrait du sommet qui s'est ouvert aujourd'hui à Malabo, en Guinée équatoriale. Le Qatar, les émirats arabes unis, la Somalie, la Jordanie, Bahrein et le Sultanat d'Oman leur emboîtent le pas. Cause invoquée : la participation d'une délégation sahraouie aux travaux. Une action concertée que d'aucuns qualifient de coup de poignard dans le dos de l'Algérie. Elle intervient au lendemain de la visite d'état du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en Arabie saoudite. Une visite au cours de laquelle les «excellentes relations» entre les deux pays ont été soulignées. C'est également au moment où les Emiratis faisaient des affaires en Algérie que cet état s'allie à Rabat. C'est lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères tenue le 18 novembre que la décision a été prise de se retirer du sommet. «La délégation menée par Anis Birou, ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration avait quitté la plénière pour protester contre la présence du drapeau de la RASD», rapportent plusieurs médias. Toutes les tentatives de pays membres de l'union africaine de dissuader les frondeurs se sont avérées vaines. Qu'est-ce qui se cacherait donc derrière cette nouvelle ‘'crasse'' marocaine ? Selon des observateurs au fait des intrigues du palais royal, Mohamed VI compte faire pression sur les pays membres de l'union africaine en vue d'une éventuelle réintégration de son pays au sein de l'organisation panafricaine. Et là, les monarchies du Golfe sont le moyen de chantage tout indiqué pour réussir son passage en force. D'autant plus que les principaux pays membres du CCG ont engagé des investissements colossaux dans la plupart des pays africains. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que lors de la précédente édition du sommet arabo-africain qui s'est tenu en 2013 au Koweït, les mêmes monarchies avaient promis à l'Afrique un milliard de dollars dans le cadre du Fonds koweïtien de développement économique. L'intérêt des pays du Golfe pour le continent est grand. Ce sont au moins 15% des investissements dans les infrastructures au cours de cette dernière décennie. C'est de cet atout que le Maroc veut profiter pour imposer son leadership sur le continent africain. Les visites effectuées par Mohamed VI dans les principaux pays du continent, via une large opération de lobbying, auront permis de fédérer les chefs d'état africains à sa ‘'cause'', celle consistant à chaque fois à faire avorter toute tentative de soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui. C'est d'ailleurs au moment où plusieurs capitales africaines avaient reconnu la République Arabe Sahraouie, que Mohamed VI a pris son bâton de pèlerin pour freiner cette dynamique. En somme, le soutien des monarchies du Golfe au Maroc dans sa besogne de déni à la question sahraouie sonne comme une déclaration de guerre contre l'Algérie qui n'a jamais failli à son principe de soutien aux causes justes, et persuadé que le Sahara occidental sera un jour ou l'autre pays membre de l'ONU grâce au triomphe de la légalité internationale et au soutien inconditionnel des pays épris de liberté et de justice.