L'annonce faite par le ministère de l'Habitat de l'Urbanisme et de la Ville, de procéder au retrait d'agrément à 65 promoteurs immobiliers et à 558 agences immobilières ne fait que confirmer que le secteur est complètement déstructuré et miné par l'anarchie. L'affaire du renversement d'une importante bâtisse à El Achour, sur les hauteurs d'Alger construite récemment par un promoteur privé, a démontré à l'opinion publique la gravité de la situation dont se trouve confronté ce domaine échappant à toutes les lois de la République. Et pourtant les textes réglementaires régissant la construction et la promotion immobilière sont plus que parfaits. Mais sur le terrain, les promoteurs et les agents immobiliers appliquent leurs propres lois d'où la décision du ministère de procéder ou retrait des agréments. Selon le communiqué du ministère de l'Habitat, il a été décidé de retirer l'agrément à 64 promoteurs immobiliers pour une durée de six mois, pour ne pas avoir procédé à leur inscription au tableau national des promoteurs immobiliers, une procédure imposée par la loi sur la promotion immobilière promulguée en 2011. Le promoteur «Immo-Hat», Elias Hattou, qui est accusé d'être à l'origine de l'effondrement de la bâtisse construite à El Achour, est concerné par cette mesure. Le retrait de son agrément est justifié d'ailleurs pour son implication dans cette affaire. Le plus grave aussi est le fait que des promoteurs immobiliers activent sans aucune autorisation ni agrément. Ils sont au nombre de 26 selon le recensement effectué par les services du ministère de l'habitat au niveau de 12 wilayas. Ces promoteurs «informels», qui doivent s'expliquer devant la justice, feront l'objet d'une condamnation et de paiement de lourdes amendes. Concernant les agences immobilières, on apprend que seulement 264 agents ont procédé à la régularisation de leur situation, sur les 822 agents agréés, selon les dispositions que prévoit la réglementation relative à la profession d'agent immobilier. Pour le reste des agents au nombre de 558, il a été décidé carrément l'annulation de leur agrément pour non-respect de la procédure. Pour les professionnels du secteur de l'habitat, les autorités publiques ont réagi tardivement pour mettre de l'ordre dans ce secteur. Car les dépassements dans ce domaine ont atteint un seuil intolérable avec la complicité des responsables des directions de l'urbanisme, du contrôle technique et des notaires. La chute de cette bâtisse, érigée à El Achour au niveau de la capitale, a démontré à l'opinion publique que certains promoteurs ne cherchent que le gain au détriment des normes de sécurités et d'urbanisme. Il se trouve que même les banques publiques ou privées financent sans prendre en considération la situation des promoteurs et sans faire de suivi des projets financés. De nombreux citoyens ont été escroqués par des promoteurs. Ce qui fait dire à beaucoup de spécialistes que le bâtiment et le logement ne doivent plus être confiés à des entrepreneurs n'ayant ni bureaux ni moyens de constructions. Les banques devraient être aussi instruites, indique-t-on, pour sélectionner les promoteurs sérieux en terme de financer.