Le feuilleton dramatique des souscripteurs Aadl ne semble pas connaître de dénouement. Attendant impatiemment la réception de leurs clés depuis 2001 pour la plupart et depuis 2013 pour d'autres, les souscripteurs à cette formule de logement sont, aujourd'hui, face à d'autres obstacles. Le ministère de l'Habitat, en lançant récemment des enquêtes continues auprès des bénéficiaires des logements participatifs, a au passage mis de nouveau de l'eau dans le moulin de la contestation. Ces si ces contrôles ont réussi à détecter quelques «demandeurs-fraudeurs», ils ont tout de même causé du tort à un grand nombre de souscripteurs qui se voient, aujourd'hui, dans l'obligation de «justifier l'injustifiable». Selon plusieurs d'entre eux, qui ont observé hier un sit-in devant la direction générale de l'Aadl à Saïd-Hamdine, «il y a une volonté de nous démoraliser, en inventant mille et une lois pour nous faire reculer dans nos demandes de logements». Ils réclament à leurs agences d'achat des explications sur les motifs de blocage des dossiers des souscripteurs. L'Aadl leur avait demandé, expliquent les souscripteurs, d'actualiser leurs dossiers. Seulement, beaucoup d'entre eux avaient changé de travail depuis le dépôt de leur premier dossier. Et c'est là que tout bloque. «Des centaines de dossiers sont gelés, car, nous a-t-on expliqué, nos nouveaux employés ne nous ont pas déclarés aux caisses d'assurances», expliquent les bénéficiaires de l'Aadl 2001-2002 et ceux de 2013, présents hier devant l'entrée de la direction générale. Ils estiment que c'est surtout aux employeurs de justifier la non-déclaration de leurs travailleurs. «À partir du moment où nous avons nos justificatifs de revenus et que nous sommes à jour dans le paiement des tranches du prix du logement, nous ne comprenons pas le pourquoi de ce blocage», s'indignent-ils. Autres désagréments causés par l'actualisation des dossiers, demandée même après acquisition du logement, c'est l'âge du demandeur qui constitue un autre frein. La direction générale de l'Aadl a mentionné dans des réponses aux recours déposés par les souscripteurs que ceux parmi eux «nés avant l'année 1946 doivent payer la totalité du prix du logement Aadl, soit 200 millions de centimes à la remise des clés». Aussi absurde soit-elle, cette exigence imposée aux retraités est justifiée par l'entreprise par «le risque de mortalité très élevé chez cette catégorie de citoyens» ! Hier, les souscripteurs, indignés, se demandaient comment un retraité peut réunir une telle somme d'argent avant la remise des clés, sachant que même les banques leur refusent l'octroi d'un crédit bancaire. «C'est une honte», lancent-ils. «Nous avons déposé nos dossiers en 2001, quand nous étions encore en fonction, et si ces responsables avaient tenu leur promesse, on aurait eu nos clés en temps voulu», dira un retraité qui avait à peine 45 ans lorsqu'il avait déposé sa demande de logement en 2001. Ils estiment encore que les responsables de l'Aadl avaient le choix entre plusieurs mesures pour garantir le paiement de la totalité du prix du logement. «Il fallait, par exemple, exiger du souscripteur une assurance remboursement en cas de décès, en déposant une assurance-vie auprès de leurs agences, voire même une caution solidaire d'un membre de la famille qui se porterait garant du remboursement du prix du logement en cas de décès», citent pour l'exemple les souscripteurs qui promettaient, hier, de revenir à la charge pour d'autres mouvements de protestation à partir du lundi 19 décembre.