«Racisme», «esclavagisme», «ségrégation»… autant de qualificatifs dont est affublée l'Algérie depuis déjà assez longtemps. La massive expulsion de Subsahariens, au début du mois en cours, n'est pas pour mettre un terme à une réputation déjà terne. Elle a encore enfoncé le clou et a ouvert la voie à une cascade de critiques et d'indignation. Les Unes de journaux étrangers ouvrent sur cette image repoussante et négative que renvoie le pays en décidant de renvoyer les Subsahariens. Qu'ils soient donneurs de leçons ou éveilleurs de conscience, des sites africains, européens et américains ont dit fort ce que beaucoup pensent très bas : «L'Algérie n'est pas une terre accueillante». Expulser 1 500 subsahariens, le 6 décembre dernier, alors qu'ils sont en majorité des demandeurs d'asile, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), en est la preuve. Les récentes déclarations du célèbre avocat et président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), en sont une autre. Farouk Ksentini dira, au lendemain des expulsions, que «nous (les Algériens Ndlr) sommes exposés au risque de la propagation du sida ainsi que d'autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants». Aussi hallucinantes soient-elles, ces déclarations ont été affirmées lorsque l'avocat a été appelé à s'expliquer sur ses propos. Non seulement il l'affirme, mais il ira plus loin en lançant que «ces maladies sont considérées comme quelque chose d'habituel et de normal par cette communauté (…) Je pense qu'ils sont responsables de la propagation de ces maladies en Algérie (…). Les migrants africains n'ont pas d'avenir ici en Algérie». Viennent ensuite les déclarations de la présidente du Croissant-rouge algérien, Saïda Benhabyles, qui ont renforcé les interrogations. Elle a déclaré, il y a quelque jours, que «vu la promiscuité qu'il y a dans la capitale», et que celle-ci «pose des problèmes d'ordre sécuritaire», les pouvoirs publics ont décidé de «transférer les migrants dans le Sud où les conditions d'accueil sont meilleures». Curieusement, à aucun moment, la responsable ne parle d'expulsion. Ils sont 97 240 étrangers… Comment un tel dérapage peut-il être expliqué lorsque l'on connaît le passé «généreux» de l'Algérie. Le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU, a estimé, en 2015, le nombre de réfugiés recensés en Algérie à 97 240 personnes. Des réfugiés fuyant les zones de conflits au Mali et en Syrie et ceux venant du Niger pour des raisons humanitaires, ont tous trouvé refuge dans des villes algériennes. Les réfugiés sahraouis, installés dans les camps de Tindouf sont au nombre de 90 000, les Palestiniens sont au nombre de 4 100 personnes depuis le début de l'année 2015. Dans la catégorie des demandeurs d'asile, les Maliens sont au nombre de 400 et 300 autres demandeurs issus de divers autres pays africains, selon les statistiques de cet organisme onusien. Sans compter les centaines, voire les milliers de ressortissants non recensés venant des pays voisins. Ces mêmes personnes ont pu subsister grâce à la générosité des citoyens algériens. Plus encore, contrairement aux monarchies du Golfe, ou aux pays européens, à l'instar de la France et de la Grande-Bretagne, l'Algérie a ouvert ses bras pour accueillir les Syriens fuyant la guerre. Elle leur a offert l'asile, ouvert les écoles à leurs enfants et leur a facilité l'intégration par l'emploi. Plus de 24 000 Syriens ont été mis à l'abri par les pouvoirs algériens (chiffres du ministère de la Solidarité). Des chiffres qui attestent que la situation n'est pas tout à fait noire.