Longtemps terre de transit, l'Algérie est devenue, en l'espace de quatre ans, une terre d'immigration pour les personnes fuyant la misère et les guerres. Face à ce flux inédit, le Croissant-Rouge algérien (CRA) tente tant bien que mal de prendre en charge ces migrants et réfugiés. « La prise en charge des réfugiés reflète les valeurs ancestrales du peuple algérien et l'engagement politique de l'Algérie. Ceci nous incite à tout faire pour les soulager de la séparation de leurs familles, de leurs enfants, de leurs pays et de la souffrance qu'ils ont endurée », souligne la présidente du CRA, Saïda Benhabylès. En pratique, la prise en charge de ces migrants est plurielle. « Les réfugiés et les migrants bénéficient d'une prise en charge médicale, qu'ils soient dans les camps mis à leur disposition ou en centre ouvert », indique-t-elle. Centre ouvert ? En fait, beaucoup de Subsahariens refusent de demeurer dans les camps mis à leur disposition. « Nous respectons la culture des migrants africains qui demeurent mobiles et refusent de se fixer dans des centres fermés. Nous leur aménageons donc des tentes pour veiller à leur santé », précise Mme Benhabylès. Pour le CRA, la prise en charge des réfugiés syriens s'avère plus facile. Ainsi, les familles sont regroupées dans des centres et les enfants scolarisés dans les écoles publiques. Outre cette prise en charge, l'idéal, selon la présidente du CRA, serait d'aider au financement de microprojets élaborés par les migrants pour les inciter à retourner chez eux. Ainsi, le gouvernement suisse a débloqué 500.000 francs suisses pour financer des microprojets au profit des nigériens rapatriés depuis l'Algérie. « Une aide suivie par l'Organisation internationale pour les migrations et la Croix-Rouge nigérienne », tient à préciser Mme Benhabylès. Les bénéficiaires des aides font partie des contingents de migrants nigériens rapatriés conformément au souhait de leur pays. « Le rapatriement n'a pas été une opération d'expulsion, il s'est fait à la demande de leur gouvernement qui a découvert que des réseaux mafieux utilisent les personnes vulnérables d'autant que nous avons recensé 2.200 mineurs non accompagnés », note la présidente du CRA, signalant que les aides proposées aux migrants en plus des aides alimentaires et le confort du rapatriement les ont incités à rentrer chez eux. L'opération n'est pas limitée dans le temps, selon Mme Benhabylès qui rappelle que la prise en charge des migrants et des réfugiés se fait avec le concours d'ONG internationales et certaines ambassades et chancelleries. « Il ne faut pas oublier que douze nationalités sont présentes sur le sol algérien », observe-t-elle. Et d'ajouter : « Le CRA veille au bien-être de ces migrants et ne rate aucune occasion pour leur démontrer qu'ils ne sont pas des intrus mais des hôtes de passage. » Pour Mme Behabylès, l'Algérie est en train de rectifier les erreurs de certaines puissances mondiales qui ont contribué au basculement vers le chaos des pays à l'image de la Libye.