Le bilan dressé hier par les services des douanes sur le commerce extérieur durant l'année 2016 confirme à plus d'un titre que l'Algérie est fortement ébranlée par la chute des prix du pétrole. En effet, les données du Centre national d'informatique et des statistiques des Douanes (CNIS) démontrent que les mesures prises par le gouvernement pour assurer l'équilibre de la balance commerciale et faire baisser les montants des importations n'ont pas produit les objectifs escomptés. Bien au contraire, l'économie algérienne reste tributaire de manière inquiétante des recettes des hydrocarbures. Le déficit commercial a atteint 17,2 milliards de dollars (mds usd) sur les onze premiers mois de 2016, contre un déficit de 15,39 mds usd à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 11,76%. En l'espace de deux ans, c'est-à-dire depuis la chute vertigineuse des cours du pétrole, l'Algérie a enregistré en moyenne un déficit de près de 35 milliards de dollars. Malgré l'amélioration des cours du pétrole durant le second semestre de l'année en cours, les exportations ont reculé à 25,58 mds usd, alors que durant les onze premiers mois de l'année 2015, le montant était de 32,06 mds usd. Pour les importations, elles se sont également réduites, mais à un moindre rythme par rapport aux exportations, en s'établissant à 42,78 mds usd contre 47,45 mds usd durant la même période de l'année écoulée, soit une baisse de 4,67 mds usd (-9,85%). Il est clair que les mesures prises par le gouvernement afin de réguler les importations n'ont pas permis pour autant de réduire le montant ni au moins les quantités. En l'absence d'une production locale, l'Algérie ne pourra satisfaire ses besoins que par le recours aux importations. Les exportations ont assuré 60% des factures des importations, contre 68% à la même période de l'année écoulée. Les hydrocarbures demeurent la principale ressource du pays. Elles représentent près de 94% (93,97%) du total des exportations. Elles ont été évaluées à 24,03 mds usd contre 30,3 mds usd à la même période de 2015, en baisse de 6,26 mds usd (-20,66%). Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles représentant 6,03% du montant global des exportations, diminuant à 1,54 milliard usd contre 1,76 milliard usd (-12,7%). Les exportations hors hydrocarbures sont principalement des dérivés du pétrole avec un montant de 1,12 md usd. Equipements : une facture salée Les exportations de biens alimentaires ne représentent que 281 millions usd, suivies par celles des produits bruts avec 75 millions usd, des biens d'équipements industriels avec 48 millions usd et des biens de consommation non alimentaires avec 15 millions usd. Voilà un bilan qui confirme que la production nationale qui devait se substituer aux importations est très loin. Pour ce qui est des importations, tous les groupes de produits ont connu une baisse au moins relative. Si la facture des produits alimentaires s'élève à 7,53 mds usd (contre 8,49 mds usd), les biens d'équipement industriels ont atteint un niveau injustifiable, à savoir 14,07 mds usd et les demi-produits à 10,5 mds usd, alors que les biens de consommation non alimentaires se chiffrent à 7,58 mds usd. Contrairement aux constats faisant état de la hausse de la facture alimentaire poussant certains à réclamer le ciblage des subventions, il apparaît clairement que ce n'est pas cela qui pèse sur le budget de l'Algérie. C'est plutôt la facture des équipements et des biens de consommation non alimentaire qui est le véritable fardeau. Grâce aux réserves de change constituées durant les dernières années, l'Algérie parvient à surmonter la crise actuelle. Cependant, ces réserves sont en forte diminution, passant de 190 milliards de dollars en 2014 à 118 milliards en septembre dernier.