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Lauriers et cerisiers ont tous deux des fleurs roses
Publié dans Le Temps d'Algérie le 24 - 06 - 2009

44, chiffre maudit autrefois. Aïn Defla, synonyme de massacres, de terreur… de terrorisme, est devenue aujourd'hui, grâce à la politique de la réconciliation, le théâtre de plusieurs manifestations d'envergure nationale. Durant la décennie noire, les citoyens de la wilaya de Aïn Defla avaient souffert aussi bien du terrorisme aveugle, qui chaque jour présentait son lot de cadavres, de viols, de ruines et de terreur, que de la façon dont les autres Algériens les traitaient.
Partout à travers l'ensemble du territoire national, les véhicules immatriculés dans cette wilaya étaient fouillés minutieusement au niveau des barrages dressés par les services de sécurité tous corps confondus. Les occupants, hommes, femmes ou enfants étaient considérés comme des terroristes. Dans les hôtels, le Aïn-Defli, s'il n'est pas mis carrément à la porte sous un quelconque prétexte, fera l'objet d'une surveillance stricte.
Le réceptionniste de l'hôtel ne se privera pas d'écouter ses conversations téléphoniques. La fille de Aïn Defla, particulièrement celle habitant les zones rurales, étudiante à Blida ou Alger, était forcée de mettre le hidjab en sortant de chez elle de peur de se faire lyncher par les criminels qui étaient partout et nulle part, et faisait peur à ses camarades.
La réconciliation nationale a ramené la paix et la sécurité dans cette région. Ceux qui autrefois déviaient leur itinéraire sur la rocade sud afin d'éviter de passer par Aïn Defla, empruntent aujourd'hui la RN4 de nuit comme de jour. On peut s'arrêter dans n'importe quel endroit et à n'importe quelle heure, même au milieu de la forêt ou à la lisière des champs. Cette paix, cette sécurité ont permis aux autorités locales d'organiser de nombreuses manifestations sportives culturelles et scientifiques d'envergure nationale.
Ainsi, le championnat d'Afrique de boxe professionnelle a eu lieu en novembre 2007, suivi du championnat national de taekwondo et de celui de la boxe amateur. Durant les vacances de printemps de l'année en cours, Aïn Defla a organisé les journées culturelles amazighes, une manifestation qui a regroupé les représentants d'une vingtaine de wilayas et qui s'est clôturée par un concert du chantre Lounis Aït Menguellet. La fin mars a connu les journées nationales de représentations du théâtre pour enfants. L'université de Khemis Miliana y participe également.
Il y a eu également des manifestations scientifiques telles que le colloque international sur la cybercriminalité et d'autres séminaires auxquels ont contribué plusieurs experts. Le secteur de l'agriculture est également très actif. Plusieurs journées de vulgarisation ont été organisées par des experts français au profit des fellahs, notamment les producteurs de pommes de terre. Par ailleurs, le colloque national sur le rite malékite, qui est à sa quatrième édition, a réuni quelque 500 participants venus des 48 wilayas du pays ainsi que des experts du Maroc et de Tunisie.
Enfin, Aïn Defla n'est pas aussi rose que les fleurs du laurier, plusieurs maux sociaux sont apparus suite au fort taux de chômage.
La drogue a investi même les établissements d'enseignement moyen. Dans les lycées, c'est devenu monnaie courante puisque les garçons, heureusement pas tous, roulent leur joint au vu et au su de tous les autres élèves, et même les filles goûtent à ce poison. La prostitution a pris des proportions alarmantes, notamment au niveau des grandes agglomérations.
La pauvreté croissante des populations engendre une mendicité endémique. Le viol et les attentats à la pudeur sur mineurs ne sont plus tabous. Il n'y a qu'à assister à une séance au tribunal. Le vol et les agressions font aussi partie du quotidien dans cette wilaya qui, au fond, ressemble à tant d'autres wilayas du pays. Ce qui est navrant cette année, c'est que Miliana n'a pas eu sa fête des cerises accompagnée de son festival du théâtre expérimental.


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