Le président russe Poutine s'est exprimé hier pour la première fois après l'agression menée par Washington contre la Syrie. Poutine informe que des attaques chimiques sont en préparation, notamment à Damas, pour impliquer le président El Assad et tenter d'obtenir son départ. Washington a mené des frappes aériennes contre la base militaire d'El Chayrate, accusant, sans preuve, El Assad d'avoir ordonné de prétendues attaques aux armes chimiques. Le président russe Poutine a fait part, hier, du plan concocté par les terroristes pour obtenir le départ du gouvernement de Damas. C'est également une mise en garde lancée par le président Poutine. Le président russe a noté que la Russie possédait des informations provenant de sources fiables, selon lesquelles il y aurait d'autres provocations concernant les armes chimiques en Syrie, y compris à Damas. Le président russe a annoncé que la Russie envisageait de s'adresser aux structures de l'Onu à La Haye au sujet de l'enquête sur l'utilisation d'armes chimiques à Idlib. Vladimir Poutine a également fait savoir que tout évènement comparable aux attaques chimiques survenues à Idlib doit être enquêté minutieusement. «Nous avons des informations provenant de sources différentes, selon lesquelles de telles provocations, puisque je ne peux pas les nommer autrement, sont en train d'être préparées dans d'autres régions de la Syrie, y compris dans la zone au sud de Damas, où l'on envisage de placer à nouveau quelque produit et d'accuser les autorités syriennes de son utilisation», a noté Poutine aux journalistes. L'agence de presse russe Spoutnik écrit que l'état-major des Forces armées russes a fait savoir que, selon des informations, des combattants déposaient des agents d'armes chimiques dans plusieurs régions de la Syrie, telles que Khan Cheikhoun, Ghûta d'Est ou dans Alep d'Ouest, afin de provoquer de nouvelles frappes américaines contre la Syrie. «Cela ressemble beaucoup aux évènements de 2003 quand lors d'une réunion du Conseil de Sécurité on a parlé des soi-disant armes chimiques qui auraient été retrouvées en Irak. Après cela a été lancée une campagne militaire en Irak qui s'est soldée par la destruction de l'Irak, par l'aggravation de la menace terroriste et l'apparition de Daech à l'échelle mondiale. La même chose a désormais lieu en Syrie», a noté le président russe hier lors d'une conférence de presse avec le président italien Sergio Mattarella à l'issue de leur rencontre. Suite à l'attaque chimique de mardi à Khan Cheikhoun, attribuée par les pays occidentaux aux forces armées syriennes, le président américain Donald Trump a ordonné une frappe ciblée contre la base aérienne syrienne de chayrate. Vendredi matin, 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross, qui croisent en Méditerranée, faisant, selon la partie syrienne, dix victimes parmi les militaires et neuf morts parmi les civils, dont quatre enfants, et causant d'importantes destructions. Vladimir Poutine a qualifié l'attaque américaine d'agression contre un Etat souverain et menée sous un faux prétexte. Les terroristes de Daech et du Front El Nosra mènent une guerre contre le gouvernement de Damas depuis 2011, encouragés par certains pays. La Russie et l'Iran aident Damas dans la lutte contre les terroristes et enregistrent d'importants triomphes contre Daech, illustrés par la reprise de nombreuses provinces, dont Palmyre.
Washington tente de s'affirmer dans la région En frappant la base militaire d'El Chaayrate, Washington voulait manifester sa présence dans la région et son rôle dans la définition de l'avenir de la Syrie, a estimé dans un entretien avec Sputnik Ozturk Yilmaz, vice-président du Parti républicain du peuple (CHP), principale force d'opposition en Turquie. La frappe américaine contre la base militaire en Syrie est une nouvelle tentative des Etats-Unis de montrer à l'opinion tant américaine qu'internationale qu'ils étaient toujours présents et jouaient leur rôle dans la région, où l'influence de la Russie est forte, a déclaré à Sputnik Ozturk Yilmaz, vice-président du Parti républicain du peuple (CHP), principale force d'opposition en Turquie. L'interlocuteur de l'agence a rappelé que l'administration de Donald Trump se trouvait sous le feu des critiques suite à des spéculations concernant «l'influence» de la Russie sur le déroulement de la campagne présidentielle en Amérique. «Les démocrates y manifestent un zèle particulier, et l'opinion aux Etats-Unis se montre extrêmement sensible sur ce point. […] Aussi, l'ordre de frapper la base syrienne avait-il sans doute pour objectif de montrer aux Américains que Trump ne devait rien à Poutine et qu'il n'y avait aucun arrangement entre eux», a estimé M. Yilmaz. Ce dernier a indiqué que par sa frappe contre la base en Syrie, Washington voulait par ailleurs manifester sa présence sur le territoire de ce pays et son rôle dans l'avenir de celui-ci. «Avec le départ d'Obama et l'arrivée de Trump, la question syrienne s'est pratiquement retrouvée entre les mains de la Russie, alors que les négociations d'Astana ont montré le renforcement manifeste des positions de Moscou en Syrie sur fond d'affaiblissement du rôle des Etats-Unis», a poursuivi l'interlocuteur de Sputnik. D'autre part, M. Yilmaz a critiqué la position d'Ankara qui n'aurait pas dû, selon lui, prendre aussi catégoriquement parti pour Washington après sa frappe contre la Syrie. «Il n'est ni logique ni raisonnable de soutenir l'agression américaine contre Assad, de brûler les ponts dans les relations avec la Russie et de mettre à mal le processus de normalisation des relations qui ne s'est pas encore achevé. La Turquie n'a pas de stratégie explicite concernant le règlement en Syrie. Soit elle essaie d'agir de concert avec la Russie, soit elle se met à soutenir les démarches de l'Amérique», a déploré l'homme politique.