Chose promise, chose due. Le Dr Saïd Sadi, qui annonçait il y a plusieurs mois son projet d'écrire un livre sur le monument de la chanson kabyle, Chérif Kheddam, décédé le 23 janvier 2012, vient d'annoncer sa sortie pour ce 20 avril 2017. Ce livre, intitulé «Cherif Kheddam, Abrid Iggunin. Le chemin du devoir» est consacré au maître de la chanson kabyle classique. Ses œuvres artistiques, de haute facture, ont marqué des générations entières. Chérif Kheddam a donné un cachet particulier à son style de musique. Maestro autodidacte, il a impressionné, par son génie, tous les musiciens qui ont travaillé sous sa houlette. Sa baguette a insufflé une âme kabyle à des symphonies appuyées par des poèmes d'une grande subtilité. En quatrième de couverture, l'ex-président et fondateur du RCD annonce la couleur. «L'œuvre audacieuse de Chérif Kheddam, subtil métissage des racines berbères et des autres apports méditerranéens, a fini par atteindre les cœurs et gagner les âmes parce qu'elle a été portée par une vie d'audace, de fidélité et d'humilité. Le statut de compositeur majeur de l'Algérie indépendante n'a pas exonéré Chérif Kheddam de ses autres devoirs», écrit-il. Au delà de son talent dans la composition musicale, l'œuvre artistique monumentale de Chérif Kheddam est couronnée par des chefs-d'œuvre qui ont marqué à jamais l'esprit de ses millions d'admirateurs. «Sligh i Yemma», «L'Dzayer Incha Allah Ats'Hlodh», «Thilawine», sont, entre autres, des titres de Dda Cherif qui sont inscrits en lettres d'or dans le patrimoine musical algérien. Beauté et liberté Bien que discret, ce maître de la chanson kabyle s'est toujours engagé dans les luttes progressistes. «Sa vie ne peut être réduite à son rôle d'artiste. Encore que sur cet aspect aussi, il a été l'un des rares à avoir osé, par ses chansons, relancer dans l'agora kabyle le vieux débat sur la mission de l'art dans la vie publique. L'engagement implique-t-il l'alignement ? La liberté exige-t-elle l'absence des luttes organisées ? L'esthétique doit-t-elle transcender la vérité ? Outre sa prodigieuse discographie, il fut un analyste et un acteur militant de son époque. Il en a affronté les périls, subi les épreuves, et, dans l'intimité de ses rares relations, il a su en décrypter les méandres. Et c'est un fait que, si ses décisions et réalisations n'ont pas toutes connu le rythme et la portée qu'il aurait voulu leur imprimer, dans la signifiance de leurs messages, Chérif Kheddam n'a rien négocié, rien concédé. Jusqu'au dernier de ses actes, il a tenu à dire et faire comprendre que sa vie n'avait d'autre destinée que de perpétuer le message de Jugurtha. Se battre pour sa liberté en tant qu'Amazigh sans pour autant renoncer à s'enrichir des sciences qu'offre la contemporanéité», écrit, en quatrième de couverture de son livre, Saïd Sadi. Brillante plume Ce livre promet d'être l'un des plus beaux hommages à Chérif Kheddam. Cela dans la mesure où il est écrit par une des plumes les plus brillantes, mais aussi de sa proximité, de son vivant, avec Saïd Sadi. «Abrid Iggunin. Le chemin du devoir» sera en vente, comme l'indique son auteur sur sa page Facebook, à partir du 20 avril prochain, pour un prix de 1 200 DA. Pour rappel, la date de sortie du livre coïncide avec le 37e anniversaire du printemps berbère dont Saïd Sadi était parmi les acteurs clés.