L'ancien milieu de terrain international du RC Kouba des années 1980, Mohamed Kaci Saïd, pense que le nouveau président de la FAF a pris un gros risque en désignant l'Espagnol Lucas Alcaraz à la tête des Verts. Un mot sur la nomination de Lucas Alcaraz à la tête des Verts ? Je suis très surpris par cette désignation vu les déclarations du nouveau président de la FAF, qui avait déclaré qu'il allait ramener un entraîneur de renommée mondiale. Finalement, il a opté pour un petit nom. En clair, c'est la montagne qui accouche d'une souris. Vous êtes, donc, déçu par un tel choix ? Il y a des zones d'ombre qu'il faudrait éclaircir. Quand on promet de ramener un grand nom et qu'à la fin on se contente d'un entraîneur de seconde zone, cela mérite quelques explications. Personnellement, je n'ai pourtant jamais milité pour la venue d'un entraîneur de grande envergue parce que je sais pertinemment que ce n'est guère un gage de réussite. La preuve, un entraîneur comme Capello qui n'est plus à présenter n'a pas réussi avec l'Angleterre et la Russie. Parfois, la chance peut tourner le dos à des entraîneurs de renom, et sourire à d'autres à la carte de visite peu éloquente. Mais avec la venue de Lucas Alcaraz, je ne fais que mettre la lumière sur les contradictions qui ont entouré la gestion du dossier du sélectionneur national. Et puis, il y a d'autres aspects à développer. Allez-y. Si vous vous souvenez bien, on a fait tout un débat sur le cas Rajevac. Tout le monde plaidait pour la venue d'un entraîneur qui maîtrise le français, quoique de mon point de vue personnel, j'ai toujours pensé que la langue du football est universelle. A notre époque, on travaillait avec des entraîneurs russes et tchèques et on les a bien compris sur le terrain. Mais la chose que je n'arrive pas aussi à comprendre, c'est pourquoi on dit une chose et on fait, ensuite, son contraire. Mais le plus étonnant pour moi, c'est que Zetchi voulait un profil différent à celui de Gourcuff, qui n'a jamais entraîné des sélections, surtout en Afrique et après, il nous ramène un entraîneur qui a drivé essentiellement des clubs de D2 et D3 en Espagne. La seule fois où Alcaraz est parti à l'étranger, il avait fait un passage de 28 jours à Salonique en Grèce avant d'être limogé. Est-ce que Zetchi a consulté son bureau ou des techniciens ? J'aimerais bien qu'il réponde à cette question. Apparemment, vous avez déjà des appréhensions relatives à l'échec éventuel du nouveau sélectionneur national… Je ne m'avance sur rien du tout. Je ne fais que dresser un constat par rapport à tout ce qui a été dit et tout ce qui n'a pas été fait concernant ce dossier. Si Alcaraz va réussir ou non, c'est le temps qui nous le dira. En attendant, il est clair qu'en engageant cet entraîneur, Zetchi a pris un gros risque. J'aurais aimé qu'il consulte les techniciens ou les anciens internationaux pour avoir leurs avis. Franchement, opter pour Alcaraz, autant ramener un entraîneur local. Un entraîneur local ? Oui, pourquoi pas. Cela fait 55 ans que l'Algérie a recouvert son indépendance. Il ne faut pas oublier qu'excepté la merveilleuse épopée du Mondial 2014 sous la houlette de Vahid Halillhodzic, les meilleurs résultats de l'équipe nationale ont été réalisés par des entraîneurs locaux. Vous auriez aimé qui voir par exemple à la place d'Alcaraz ? Je ne sais pas. Il y a des entraîneurs qui ont tout de même un profil intéressant. Pourquoi on n'a pas donné la chance à Adel Amrouche qui connaît bien le football africain pour avoir entraîné plusieurs sélections du continent ? Je pense aussi à Charef dont la compétence est avérée. Je pense que Zetchi s'est un peu précipité pour ramener un sélectionneur puisqu'un entraîneur local aurait au moins assuré les matches de qualifications à la CAN 2019, étant donné que notre équipe nationale est quasiment éliminée du Mondial russe. Hélas, chez nous, on est encore obsédés par l'entraîneur étranger. Ça reste, en tout cas, mon avis. A travers le modèle espagnol, Zetchi veut apporter une nouvelle philosophie de jeu à l'équipe nationale. C'est quand même ambitieux de sa part, non ? Ecoutez. Le modèle espagnol a effectivement servi de référence dans le monde durant plusieurs années, mais ce n'est plus le cas maintenant. C'est une philosophie de jeu qui est arrivée à expiration depuis le Mondial 2014. L'Espagne de Del Bosque, qui a dominé le football mondial de 2008 à 2012, n'arrivait plus à imposer son style de jeu. Les entraîneurs espagnols ne sont plus à la mode. On y voit de moins en moins en Europe. Regardez juste Guardiola. Depuis qu'il a quitté le Barça, il a échoué partout ou il est allé.