Le chaud contre la glace. La rugosité contre la finesse. Le travail acharné contre le talent. L'opposition, ce soir (19h45), entre l'Atlético Madrid de Diego Simeone et le Real Madrid de Zinedine Zidane est plus qu'une simple demi-finale de Ligue des champions, c'est une opposition de style totale, un choc des cultures illustré par l'antagonisme des deux entraîneurs. Que ce soit les Colchoneros ou les Merengue, ils reflètent à la perfection l'image véhiculée par leur coach. D'un côté, Zinedine Zidane, le virtuose du Real Madrid. Elégant, technique, raffiné lorsqu'il était joueur, l'ancien international français prône toujours le beau jeu même s'il a compris qu'en tant qu'entraîneur, il faut aussi parfois se montrer pragmatique. De l'autre, Diego Simeone, le guerrier de l'Atlético Madrid. Rugueux, obstiné, l'ancien milieu de terrain défensif a transmis ses valeurs et sa grinta à ses joueurs. En un peu plus d'un an, Zinedine Zidane a façonné le Real Madrid à son image. L'entraîneur français a usé de son aura pour gagner le respect et l'affection de ses joueurs. L'ancien international tricolore s'est appuyé sur sa réputation de Ballon d'Or et de crack du football mondial pour captiver ses troupes. Pas besoin de gueulantes retentissantes ou de piques à travers la presse, comme le font certains de ses homologues afin de réveiller son vestiaire. Calme, Zinedine Zidane ne manque toutefois pas d'autorité mais sait recadrer ses joueurs intelligemment sans faire de vagues, comme il le faisait en tant que joueur en fin de carrière. Après six saisons sur le banc de l'Atlético Madrid, s'il y a bien une certitude sur la personnalité de Diego Simeone, c'est que l'Argentin est un sanguin. «El Cholo» est le capitaine du navire Colchonero, il sait quand féliciter ses hommes mais aussi quand il faut sortir le fouet. L'ancien milieu de terrain ne supporte pas de voir ses joueurs baisser les bras et est tout simplement intenable sur le banc de touche. Simeone vit ses matches autant que ses troupes si ce n'est plus. Et ils le lui rendent bien en se donnant corps et âmes pour glaner des victoires. Perfectionniste, combatif, Diego Simeone a réussi à transmettre ses idéaux à l'Atlético Madrid et en a fait l'une des équipes les plus redoutées et compliquées à jouer en Europe. Des concepts de jeux différents Pour ce qui est du jeu, Zinedine Zidane a, certes, réussi à s'affranchir de son «maître», Carlo Ancelotti, mais il est encore difficile de mettre une réelle empreinte sur le jeu prodigué par l'ancien numéro 10 des Bleus. Ce dernier n'a pas révolutionné le jeu pratiqué par la Maison Blanche mais il a tout de même affiché certaines tendances. Sous sa houlette, le Real Madrid pratique un football offensif, est toujours tranchant sur les contre-attaques mais utilise beaucoup plus - et mieux - les attaques placées. S'il a fait de Casemiro son homme de l'ombre pour conserver l'équilibre de son équipe, l'ancien de la Juventus est, également, capable d'oser en alignant un trio offensif au milieu de terrain sans joueur à vocation défensive. Les individualités restent au centre du système de jeu mais les Merengue affichent une solidarité et une cohésion de groupe bien meilleures. Diego Simeone, lui, a donné une identité de jeu très marquée à l'Atlético Madrid : une équipe solide, difficile à bouger, et très à l'aise quand il s'agit de procéder en contre-attaques. Les Colchoneros s'appuient sur une défense, mais surtout un milieu de terrain très solide, et aucun des onze joueurs présents sur le terrain n'est exempté des tâches défensives. L'Argentin n'est, toutefois, pas uniquement un entraîneur ayant pour obsession de défendre. L'Atlético Madrid est, certes, loin des standards du Barça et du Real Madrid lorsqu'il s'agit du nombre de buts marqués, mais les Colchoneros de Simeone font preuve d'une énorme efficacité et ont des joueurs techniques et capables de conserver le ballon quand il le faut. L'Atlético Madrid c'est avant tout un collectif huilé avec une star qui n'en est pas vraiment une en la personne d'Antoine Griezmann. Hormis leur métier d'entraîneur et leur passé de joueur, Zinedine Zidane et Diego Simeone n'ont rien en commun ou presque. Mais si les méthodes psychologiques et tactiques sont différentes chez l'Argentin et le Français, il n'en reste pas moins vrai que jusqu'à présent elles marchent dans les deux cas. L'année dernière, Zinedine Zidane avait pris le meilleur sur son homologue, mais les compteurs seront remis à zéro ce mardi soir, et nul doute que Diego Simeone ne rendra pas les armes avant d'avoir tout tenté.