Trois enfants de la région de Rouiba avaient été pris en opération de vol de voiture et d'incendie. On les campe dans l'associations de malfaiteurs et on leur inflige dix ans de réclusion chacun. De retour des hauteurs de la cour suprême, le dossier est cette fois chouchouté par des révélations contradictoires. Les avocats se sont réjouis, certains ont même arraché de haute lutte un acquittement et une relaxe (pour le délit) et ça, c'est très bien. Ainsi fonctionne Dame justice. Omar, Kalafat et Qararich sont trois condamnés à dix ans de prison ferme, il y a de cela un peu plus de quatre ans pour, selon l'accusation, association de malfaiteurs, vol de voiture et incendie de véhicule, faits prévus et punis par les articles 176, 350 et 395 du code pénal. Un pourvoi est expédié. La chambre pénale de la cour suprême casse et renvoie sur Boumerdès. Les faits s'étaient déroulés sur le triangle Khemis El Khechna-Baqaleb- Benchoubane (Rouiba).Maîtres Abdelkrim Bouderbal, Rabah Kerboui et Saïd Handjar auront eu au moins un mérite. C'est celui d'avoir éclairé le tribunal criminel mené de main de maître par ce sacré Kouadri qui ne s'est jamais énervé ou emporté, préférant jouer à fond la liberté d'action des avocats qui ont réussi à forcer la main aux jurés conseillers et président du tribunal criminel. La relaxe et les peines de cinq ans ferme infligées à Omar, Kalafat et Qararich ont mis du baume dans le cœur des proches surtout que d'ici à l'Aïd El Fitr, le trio de condamnés aura purgé les cinq ans. Au milieu des plaidoiries, nous avions relevé celles de maître Abdelkrim Bouderbal qui avait eu la présence d'esprit de diriger la composition criminelle sur la zone d'ombre créée de toutes pièces par ce témoin mineur qui avait écopé lui, en son temps, d'une peine de deux ans ferme, peine purgée. La zone d'ombre qui planait, selon l'avocat de Bordj El Kiffan, réside dans ce témoignage qualifié de «bidon» par maître Bouderbal qui a laissé le tribunal criminel apprécier : «Dites-nous, vous êtes mineur. Aviez-vous reçu une convocation pour venir témoigner ?» demande le président qui avait repris la question de l'avocat. - Non, monsieur le président, répond sans détour le mineur. - Qui alors vous a informé de la tenue de ce procès ? - «Ils» répond le témoin. - Et qui sont ces «ils» ? explose maître Bouderbal qui informera alors la juge que ces «ils» sont ceux-là qui ont voulu que ce mineur vienne enfoncer Kalafat, car, s'écrie le défenseur, «nous avons affaire à deux déclarations contradictoires et nous avons eu comme témoignage du mineur devant le juge d'instruction, il a nommé un autre dans l'opération de vol. Aujourd'hui, lui, il vous a dit qu'il a volé avec Kalafat, car on a bien voulu lui souffler cette déclaration contradictoire. D'ailleurs, comme pour donner raison à l'avocat, le témoin mineur a pris la clé des champs sitôt l'interrogatoire terminé car maître Bouderbal avait fait état de menaces à son encontre. «Messieurs- dames du tribunal criminel, vous avez à la main le code pénal et au cerveau l'intime conviction. Mettez-les côte à côte et vous allez vous en tirer et largement», avait tonné maître Bouderbal qui avait vu maîtres Kerboui et Mandja lui sourire avec une inégalable ferveur comme seuls les hommes en robes noires savent en créer, le temps d'un procès, où il est question de la liberté des gens. Cette liberté qui ne peut être réelle que lorsque toutes les parties en présence se donnent la main sans arrière-pensée.