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le village était assis sur une poudrière datant de l'ère coloniale: Tiqichurt a frôlé le pire
Publié dans Le Temps d'Algérie le 14 - 05 - 2017

Les habitants du paisible village Tikichurth, dans la commune des Ouacifs, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, ont vécu une fin de semaine mouvementée suite à la découverte, mardi dernier, d'un véritable arsenal de guerre datant de l'époque coloniale, enfoui sous terre.

L'émotion se lisait encore hier matin sur les visages des habitants de ce hameau qui ne croient toujours pas que leur village qui fut un haut lieu de la guerre de libération nationale, a été sauvé in extremis d'une véritable catastrophe au vu de l'ampleur de la découverte. Il s'agit d'un véritable arsenal de guerre qui date de l'époque coloniale, constitué de pas moins d'une soixantaine d'obus de mortier de différents calibres non encore exploités, découverts par hasard dans l'après-midi de mardi dernier par un jeune ouvrier du village en charge de creuser des fouilles pour le projet de réalisation d'un foyer de jeunes. Selon les témoignages de certaines vieilles personnes du village, il s'agirait vraisemblablement de munitions cachées par les militaires, juste après le cessez-le-feu en 1962, afin de les éloigner des regards des villageois, faute de temps pour les transporter avec eux. D'autres témoins ont évoqué la possibilité qu'il s'agit d'un acte de bravoure de collaborateurs autochtones de l'armée coloniale qui auraient enfoui ces munitions afin de les transférer aux moudjahiddine. Mais ce qui préoccupe le plus les villageois, c'est surtout l'ampleur de cette découverte jamais faite dans la région depuis l'indépendance. Selon des témoignages recueillis hier matin sur place, il était environ 13h30 lorsque le jeune en question est tombé par hasard sur un obus de mortier alors qu'il creusait une fouille pour le chantier en question. «Lorsque le jeune manœuvre est tombé sur cet objet, il ne savait même pas qu'il s'agissait d'un obus de mortier non explosé. D'ailleurs par naïveté, il a mis ce mortier sous son bras et est monté avec au village, sans se rendre compte du danger qu'il courait en cas d'explosion, sur sa vie ou celle des autres», témoigne Abdellah Hadj Arab, habitant de Tikichurth et ancien P/APC d'Ath Ouacifs de 1997 à 2002.
Une soixantaine d'obus de mortier enfouis sous terre
Selon ce dernier, c'est grâce à la vigilance d'un policier qui a récupéré cet obus des mains du jeune ouvrier que le pire a été évité. Aussitôt informés, des policiers et des gendarmes se sont rendus au village pour inspecter les lieux de la découverte. «Après avoir constaté qu'il s'agissait bel est bien de munitions de guerre enfouies sous terre dans des caisses, un périmètre de sécurité a été mis en place afin d'éloigner les habitants d'un éventuel danger», explique t-il. «Les éléments de l'ANP dont des artificiers sont arrivés en renfort avec un matériel spécialement conçu pour la détection de ce genre d'armes et de munitions», témoigne un jeune présent sur les lieux tout au long de l'opération de déminage qui a duré trois jours et deux nuits. Selon ses dires, les éléments de l'ANP ont retiré une soixantaine d'obus enfouis sous terre durant les trois jours qu'a duré l'opération de recherche. «Les éléments de l'ANP, de la police et de la gendarmerie, qui ont retiré les obus retrouvés sous terre, ont enclenché une vaste opération de recherche jour et nuit sur un long périmètre en contrebas du lieu de la découverte afin de s'assurer de la sécurité des lieux», ajoute notre jeune témoin en nous montrant sur son téléphone trois photos d'un obus qu'il avait réussi à filmer discrètement juste avant l'arrivée des services de sécurité, et dont la date de fabrication indique l'année 1953. «Ils nous ont interdit de nous approcher du périmètre de sécurité et surtout de filmer ou de prendre des photos pour des raisons évidentes», ajoute-t-il, la main tremblante, lui qui dit ne pas encore se rendre compte de l'ampleur et surtout du danger de la découverte. Alors que l'on évoque avec lui les détails de l'opération, un autre jeune se mêle à la discussion pour nous informer que ce n'est pas la première fois que les habitants de Tikichurth ont eu affaire à ce genre de découverte mais de moindre ampleur par rapport à celle de mardi car il s'agit selon lui de simples munitions de guerre, notamment des balles. «Je me souviens que lors de l'enterrement de mon grand-père en 1988, nous avions découvert au moment de creuser sa tombe un gros sac plein de balles. Des munitions que nous avions remises immédiatement à la Gendarmerie nationale», témoigne Toufik. Un autre jeune nous a révélé pour sa part qu'il a fait une découverte identique à celle de mardi, mais de moindre envergure, il y a une dizaine d'années. Il s'agit selon lui d'un obus de mortier du même type, qu'il avait d'ailleurs, précise-t-il, remis au musée du Moudjahid à Tizi Ouzou. Un témoignage qui démontre on ne peut mieux l'ampleur du danger que constitue ce genre de découverte au niveau de ce village, et qui ne doit pas rester sans alerter les responsables concernés afin de passer au peigne fin cette zone qui cache certainement de mauvaises autres surprises. Un avis corroboré par un enseignant du village aujourd'hui à la retraite qui nous a précisé que le lieu de la découverte de l'arsenal de guerre faisait office de portique de l'école primaire du village construite par les Français au milieu de l'année 1958, un terrain que l'association du village avec l'aide de l'APC d'Ath Ouacifs a choisi pour y construire un foyer pour les jeunes. Un terrain d'une centaine de mètres carrés sous lequel se cachait cet arsenal de guerre, témoin des ravages de l'armée coloniale qui a décidé d'installer un véritable commandement au niveau de ce village en raison de sa situation stratégique. Niché au pied du Djurdjura en face de la fameuse main du Juif, Tikichurth, dont l'appellation signifie le sommet, offre une vue infinie sur l'ensemble des Ath Ouacifs et des régions environnantes.
Le legs de la «civilisation» coloniale
C'est à partir de ce village que l'armée coloniale s'était mise à contrôler l'ensemble des maquis environnants qui ont connu les plus dures batailles de la Révolution dans la wilaya III historique, témoignent les mou-djahidine du village. «L'armée coloniale, à travers la 2e compagnie des chasseurs alpins, a occupé toutes les maisons situées dans des lieux stratégiques. Ils les ont transformées en casernes et postes de surveillance dans le but de garder un œil sur tout ce qui se passait dans la région et surtout lancer des opérations de tirs au mortier à partir d'une plateforme érigée au centre du village», témoigne Da Mokrane, qui garde, malgré le poids des ans, une mémoire intacte, lui qui nous a cité nommément les différents responsables de l'armée française qui ont dirigé de 1956 à 1962 cette zone, du capitaine Meunier au lieutenant Brunet en passant par les officiers Lenoir et Villemain. Pour illustrer l'importance de ce village dans les plans de l'armée coloniale en Kabylie, Da Mokrane nous a révélé que Tikichurth a vu défiler de hauts gradés de l'armée coloniale dont les sinistres généraux Massu et Challe en 1958, ainsi que le Premier ministre de l'époque, Michel Debré. «C'est la preuve tangible que ce village constitue un lieu stratégique pour l'armée coloniale dans sa sale besogne contre le peuple algérien», affirme-t-il. Une armée qui a pris en otage tout un village pour le transformer en zone ultra-militaire, témoigne le vieux Salah Bentaleb, qui a vécu les affres de cette guerre avec son lot de tortures dans la maudite prison dite 21, en référence au nombre de prisonniers entassés dans une cellule d'à peine 4 m2, dont les murs peuvent encore témoigner des souffrances de dizaines d'enfants du village et de toute la région des Ath Ouacifs. «Après avoir subi vingt jours de torture à la gégène, j'ai passé dans cette prison deux mois en compagnie de 17 autres frères entassés l'un sur l'autre dans cette minuscule cellule. Nous avions connu les pires moments de notre vie. Je n'oublierai jamais le jour où nous avons découvert que nous étions assis sur les cadavres de deux autres prisonniers», se souvient Dda Salah, les larmes aux yeux. «Voilà ce que nous a légué comme civilisation le colonialisme français», s'offusque un jeune du village qui, tout en fustigeant les déclarations outrageuses faites en France par les nostalgiques de l'Algérie française à propos des bienfaits de la présence coloniale en Algérie, a tenu surtout à adresser un message aux plus hautes autorités du pays et l'ensemble des hommes politiques pour leur demander d'exiger des autorités françaises la remise des cartes et plans militaires de l'époque de la guerre au lieu de continuer à évoquer les questions de pardon et de repentance qui n'ont, selon lui, aucune portée sur la génération d'aujourd'hui.
«C'est de cette façon que l'on peut aujourd'hui éviter ce genre de catastrophes car avec cette découverte, nous avons vraiment peur de sortir dans nos champs et même laisser nos enfants jouer dehors», affirme ce citoyen qui espère voir les autorités militaires prendre sérieusement en charge cette question comme cela se fait selon lui dans les autres régions du pays concernant notamment les mines antipersonnel. «Espérons que cette découverte va enfin faire réagir les pouvoirs publics pour une véritable prise en charge de cette question des mines et autres munitions de guerre datant de l'ère coloniale, car cela concerne la vie de nombreux citoyens au niveau de nombreux villages de Kabylie», dit notre interlocuteur.


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