Le troisième personnage de l'Etat aura pour nom Saïd Bouhadja. Elu dans la wilaya de Skikda, l'ancien porte-parole du FLN a été choisi par Bouteflika pour être candidat du parti à la présidence de l'APN, chambre basse du Parlement. «Par discipline et respect aux directives du président de la République, notre candidat à la présidence de l'Assemblée populaire nationale (APN) est Saïd Bouhadja», a annoncé, hier, Djamel Ould Abbès. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), qui réunissait au Cercle militaire de Béni Messous les nouveaux députés en présence de sénateurs et quelques ministres membres du Bureau politique du parti, a estimé qu'«il s'agit d'un moudjahid, d'un grand militant et d'un nom très connu qui saura donner une bonne image du FLN». Bouhadja qui n'était pas, il y a quelques jours, sur la liste des ‘'candidats'' à la succession de Mohamed Larbi Ould Khelifa, a fini par être préféré à tous les autres noms à l'instar de l'ancienne ministre Ghania Idalia, élue sur la liste de Blida ou encore Hadj Laïb élu quant à lui à Batna. Sous l'émotion, il dira que «le mérite revient au président Abdelaziz Bouteflika». Logique ! Puisque, comme l'a précisé Ould Abbès, c'est le chef de l'Etat, et néanmoins président du parti, en personne qui a opté pour lui. Saïd Bouhadja sera élu, demain, à l'occasion de la première séance que tiendra la nouvelle Assemblée nationale, d'autant plus qu'outre les 161 députés du FLN, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a déjà donné instruction à ses 100 députés d'approuver ce choix. «Nous félicitons M. Ouyahia et nous nous félicitons de cette instruction. Ce qui renforcera davantage les rangs de la majorité», a commenté Ould Abbès. Quant au chef du groupe parlementaire du FLN dont l'installation a eu lieu officiellement hier, «il sera connu mercredi matin», a expliqué le SG du parti. Lors d'une conférence de presse tenue après la rencontre, le patron du FLN a exprimé ses «regrets» suite au refus du MSP d'intégrer le gouvernement. «On aurait bien aimé avoir le MSP, un courant connu pour ses compétences et cadres, dans le gouvernement, pour former un front solide à même d'affronter les défis à venir sur le plan économique, social et sécuritaire», a-t-il ajoutant, avant de préciser pourtant que «rien qu'avec le FLN, le RND, le MPA, TAJ et quelques indépendants, la majorité aura trois tiers de l'Assemblée». Aucun différend Ouyahia-Sellal Toujours sur la formation du futur gouvernement, Ould Abbès s'est retenu de faire le moindre commentaire qui, dit-il avec humour, «fera tomber ma tête». À plusieurs reprises, il dira que cela «relève des prérogatives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika». Idem pour ce qui est du nombre de portefeuille ministériels que l'ex-parti unique veut avoir dans le gouvernement, il s'est voulu prudent, déclarant : «Nous souhaitons bien sûr préserver le même nombre, mais la décision finale revient au président.» Au sujet du poste de Premier ministre, Ould Abbès a expliqué que «les critères de choix relèvent aussi du président». Et si Abdelmalek Sellal est maintenu en poste, «Nous le soutenons dès maintenant, puisque les décisions du président sont indiscutables», a-t-il enchaîné. Le SG du FLN, qui dit avoir rencontré Sellal dans le cadre des dernières consultations, a démenti l'existence d'un quelconque différend entre lui et le directeur de cabinet de la présidence de la République. Ahmed Ouyahia serait, selon certains rapports médiatiques, «en colère» contre cette démarche, ce qui l'a conduit à exiger de Sellal un tête-à-tête à la présidence. «Je connais Ouyahia depuis 1993. C'est un homme d'Etat qui ne joue pas. Dire qu'il a refusé de prendre part aux consultations ou qu'il est en désaccord avec Sellal relève du mensonge», a tranché Djamel Ould Abbès, louant «la longue expérience et la culture d'Etat» chez les deux hommes. Fronde : «Ils se trompent!» Enfin et au sujet de la fronde naissante au sein de son parti après la régression dans les résultats obtenus à l'APN, le locataire du bureau de Hydra, a soutenu qu'«il y a des statuts et un règlement intérieur» et que «tous ceux qui veulent s'exprimer dans ce cadre trouveront les portes du sièges et du BP ouvertes». Quant aux pétitions qu'il dit «ne pas reconnaître», elles «existent depuis l'époque d'Abdelhamid Mehri». S'interrogeant sur «l'habilité» des initiateurs de la fronde à réclamer des comptes, Ould Abbès estime qu'«ils font honte au parti et à l'Etat». Ces gens-là, a-t-il estimé «se trompent», car «je partirai seulement quant le président (Bouteflika, Ndlr), me le demandera». Qui est Saïd Bouhadja Saïd Bouhadja vient d'être proposé par le secrétaire général du vieux parti, Djamel Ould Abbès, pour présider la prochaine Assemblée populaire nationale. Le candidat au perchoir a été longtemps porte-parole du FLN, avant d'être évincé en 2008 pour avoir affirmé que son parti est favorable à la réouverture de la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc. SG du FLN à l'époque, Abdelaziz Belkhadem aurait «piqué une vive colère» suite aux déclarations de son porte-parole, l'appelant dès lors à remettre sa démission. Son nom a été annoncé avant l'élection présidentielle de 2014 pour succéder à Belkhadem au poste de secrétaire général du parti majoritaire ; il a finalement décidé de se désister avec Mustapha Maâzouzi, l'autre candidat au poste convoité. A plus de 80 ans et originaire de la wilaya de Skikda, Saïd Bouhadja n'a toutefois pas hésité à déclarer après la destitution de Belkhadem que celui-ci avait «usé de sa fonction pour déstabiliser le parti». Il sera probablement nommé à la tête de l'APN demain, lors de la cérémonie d'installation des députés élus le 4 mai dernier, étant donné qu'il jouit également du soutien du deuxième parti majoritaire, le RND.