Emmanuel Macron qui, il y a deux mois, a su séduire Alger, alors qu'il était encore candidat à la présidentielle française, par une prise de position forte et franche sur la colonisation, semble réévaluer sa posture et va même jusqu'à «réclamer» des autorités algériennes une meilleure coopération au Mali, comme en témoignent ses déclarations faites à Gao. Un premier faux pas, selon certains. D'autant plus que ces propos interviennent au moment même où le nom de Leïla Aichi, d'origine algérienne, a été retiré de la liste de candidature pour les législatives prochaines en France, sous la pression de lobbies marocains, estime-t-on. D'aucuns n'ont pas tardé à tirer des conclusions en y voyant un revirement de la politique étrangère de la France vis-à-vis de l'Algérie. Pas pour Jean-Pierre Raffarin. Pour lui, les relations algéro-françaises se portent au contraire très bien. Dans un point de presse tenu, dimanche soir à Alger, l'ancien ministre français, le monsieur Algérie comme on le surnomme, a affirmé que les relations entre les deux pays vont en se renforçant. A Alger, dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives de juin prochain, Raffarin accompagnait le candidat du parti Les Républicains Erwan Davoux, pour la 9e circonscription des Français établis à l'étranger (Maghreb et Afrique de l'Ouest). Dans son discours Raffarin est revenu, notamment, sur les derniers propos d'Emmanuel Macron, tenus depuis le Mali, sur le rôle de l'Algérie et les pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme. «Moi, ce que je veux, en début de mandat, c'est une exigence sans doute renforcée à l'égard des Etats du Sahel et de l'Algérie», a déclaré Macron, rappelle-t-on, le 19 mai, alors qu'il effectuait une visite à Gao, pour son premier déplacement dans un pays où les troupes françaises sont engagées depuis 2011. «Pour que tout ce qui est inscrit dans les accords d'Alger soit appliqué et pour que la responsabilité de tous et de toutes soit prise (…). On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l'égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques», a -t-il encore dit. Ces déclarations du président français ont été interprétées par certains médias, en Algérie, comme un affront à l'Algérie qui se trouve pourtant au premier plan dans la lutte antiterroriste. Interrogé sur la teneur de ces propos, Jean-Pierre Raffarin, a estimé qu'il ne «s'agit nullement de critiques à l'endroit de l'Algérie», en ajoutant : «Je ne crois pas qu'il y a une quelconque attitude de distance vis-à-vis de l'Algérie. Il (le président français NDLR) n'est pas dans une position d'accusateur des uns et des autres», a soutenu Raffarin avant d'affirmer : «Nous souhaitons que la relation avec l'Algérie soit toujours renforcée. Vous connaissez mes positions sur ce sujet. J'ai une sympathie profonde pour l'Algérie.»