Les frères de Farid Bedjaoui, homme d'affaires d'origine algérienne, sont au cœur d'un nouveau scandale. Faisant toujours l'objet d'une poursuite judiciaire par les tribunaux italiens dans le cadre de l'enquête sur l'affaire de corruption Sonatrach-Saipem, Farid a permis à son frère Réda d'être à la tête d'un grand patrimoine immobilier au Canada, selon une enquête publiée, hier, dans le Journal de Montréal. Les investigations ont prouvé que Reda, l'un des frères Bedjaoui, a transigé des millions de dollars en immeubles de luxe à Montréal, en recevant des centaines de milliers de dollars de son frère Farid, qui, lui, aujourd'hui poursuit sa carrière d'homme d'affaires, entre Dubaï et le Ritz-Carlton de la rue Sherbrooke. Les révélations du Journal de Montréal font état du dernier investissement québécois de l'homme d'affaires algérien : un luxueux appartement dans un immeuble de type condo de près de 1,9 million de dollars américain (taxes comprises) dans un prestigieux quartier sur le flanc du mont Royal, en mai 2015. Une copropriété estimée aujourd'hui à 3,5 millions de dollars. Le frère de l'homme d'affaires recherché pour corruption massive, Réda, est, trois mois plus tôt, devenu actionnaire des Appartements Acadia inc, juste en face du Ritz-Carlton, révèle le journal en se référant au registre des entreprises du Québec. Il a également conclu, depuis 2004, de multiples transactions avec ses parents et son ancienne femme, à Westmount et à l'Île-des-Sœurs à Montréal, d'une valeur totale de 4,7 millions de dollars américains. En 2006, Réda Bedjaoui déclarait un revenu de 75 000 dollars, selon des documents que détient le Journal de Montréal sans compter l'appui financier de son grand frère, Farid, qui lui a fait parvenir, révèle-t-on dans l'enquête, 285 000 dollars en 2005 et 2006. Le troisième membre de la fratrie Bedjaoui, qui a immigré au Canada durant les années 1990, n'est pas en reste. Ryad Bedjaoui et son ancienne épouse ont transigé pour près de 6,8 millions en immeubles dans la région, de 2000 à 2014. Contacté par le Journal de Montréal, l'avocat de Ryad déclare que son client n'a «aucune relation financière avec ses frères». L'histoire de corruption des frères Bedjaoui remonte à 2002, année durant laquelle Farid Bedjaoui créait la première des 17 compagnies offshore chez Mossack Fonseca. Ce cabinet d'avocats sera plus tard au cœur du vaste scandale sur les paradis fiscaux qui a éclaté en 2016. Plusieurs des sociétés qui étaient sous la direction de Farid Bedjaoui auraient, ensuite, servi à blanchir les fonds nécessaires à la vaste entreprise de corruption dont il est accusé. L'homme d'affaires est, depuis, soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire dans le versement de commissions secrètes totalisant 198 millions d'euros pour un contrat pétrolier de la société nationale Sonatrach à la compagnie italienne Saipem, entre 2006 et 2009, selon des documents judiciaires italiens. Une série de preuves sur des détournements de fonds éclatent successivement. L'avocat de Farid Bedjaoui, Emmanuel Marsigny, signale au Journal de Montréal que son client «conteste avoir commis quelque infraction que ce soit».