Dans le cadre de l'opération de recouvrement des dettes détenues par des entreprises nationales et étrangères du secteur du BTP, les banques algériennes vont débourser 130 milliards dinars d'ici la fin du mois de juin. Une enveloppe qui vient s'ajouter aux 134 milliards de Da débloqués récemment par la Caisse nationale du logement (CNL), au profit de ces sociétés de construction et de travaux publics. Le secteur du BTP a connu depuis plusieurs mois une grave crise de financement des projets entrant dans le cadre de la réalisation des programme AADL et LPP. Ce qui a occasionné le ralentissement des travaux et dans certains cas l'arrêt total des chantiers. Les organismes financiers ont été pointés du doigt par des entreprises d'entreprenariat, tandis que Abdelmadjid Tebboune, alors ministre de l'Habitat et ministre du Commerce par intérim, avait directement accusé le ministère des Finances, chapeauté par l'ex-ministre Hadji Babaammi et le CPA, de bloquer le financement de ces investissement. Juste après sa nomination à la tête de l'exécutif, Tebboune est intervenu en mai dernier pour rappeler les banques à l'ordre. Le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Boualem Djebbar, a indiqué que «130 milliards dinars vont être versés par les banques à l'effet d'apurer, avant le mois de juin courant, les créances dues aux sociétés de construction». Lors de son passage hier à l'émission de l'Invité de la rédaction de la chaîne III de la Radio nationale, Djebbar a révélé que les banques payeront 30 milliards de dinars des dettes pour chaque maître d'œuvre. Il a expliqué que ces sommes vont servir à payer les retards de financement des programmes AADL et LPP, lesquels sont, en partie, à la charge des banques. Il revient à l'occasion sur la signature jeudi dernier d'une convention cadre entre le CPA, la CNL et le ministère de l'Habitat, portant sur un nouveau programme de 120 000 logements. Ces sommes constituent une bouffée d'oxygène pour les entreprises, nationales et étrangères, en charge de la réalisation des programmes de logements inscrits dans la politique de l'habitat du président Bouteflika, visant «à régler définitivement la crise du logement et éradiquer les bidonvilles». Pour le maintien de la croissance S'agissant des crédits alloués pour financer à hauteur de 70% les investissements dans l'économie, en hausse d'environ 17% par rapport à 2016, le président de l'Abef les situe dans la stratégie de «maintien du rythme de croissance fixé par le gouvernement». Il estime à 8200 milliards DA la valeur des fonds débloqués durant l'année 2016 par les banques sous forme de crédits d'encours, au bénéfice des entreprises publiques et privées et aux ménages. Selon l'invité de la radio, ce sont les surliquidités de fonds amassées par les banques, de même que les recettes générées par la vente des hydrocarbures qui ont permis de pérenniser ce financement. Djebbar a assuré également que la baisse de liquidités tirées de la vente des hydrocarbures n'enfreindra pas le rythme de croissance des crédits. «Les banques font l'effort de collecter les ressources financières par le biais de la diversification des produits d'épargne et l'augmentation des taux d'intérêt sur les placements», explique-t-il, indiquant que les axes stratégiques bénéficiant en priorité de ces crédits sont ceux de l'industrie, de l'agriculture et du tourisme. De l'analyse de la structure des crédits alloués à l'économie, Djebbar relève que la tendance «est clairement affichée». 75% de ces crédits sont accordés à moyen et long terme au bénéfice de l'investissement productif. Il a rappelé que les banques jouent un rôle «majeur» en direction des entreprises possédant des capacités d'exportations au profit desquelles elles débloquent des financements et dispensent des conseils sur la manière de nouer des relations avec des partenaires étrangers. A propos des résultats obtenus par l'emprunt national public, qui auraient permis de couvrir le déficit du trésor à hauteur de 18% pour un montant total de plus de 300 milliards de dinars, et celui de la mise en conformité fiscale, l'invité a indiqué que cette dernière opération a été reconduite par la loi de finances de 2017.