La réunion hier du Conseil européen à Bruxelles était une occasion pour Paris et Berlin de réaffirmer leur attachement à l'Europe et leur souhait de «travailler ensemble» pour résoudre les crises qui touchent l'Union européenne, notamment celle migratoire. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont, à l'issue de cette rencontre, tenu une conférence de presse commune au cours de laquelle les thèmes de la défense, de l'immigration ou encore du climat ont dominé. Macron et Merkel ont réaffirmé leur souhait de travailler ensemble pour faire progresser l'Union européenne qu'a abandonnée l'un des membres clés, la Grande-Bretagne et qui fait face à de sérieux problèmes. «Quand l'Allemagne et la France parlent de la même voix, l'Europe peut avancer», a déclaré Emmanuel Macron. Une position confirmée par Angela Merkel, qui a salué «une bonne coopération avec de bons résultats». Le président français et la chancelière allemande ont profité de cette conférence de presse pour rappeler l'importance de l'Union européenne dans le contexte international actuel. «L'Europe est notre meilleure protection face aux défis mondiaux, qu'il s'agisse de grands dérèglements, de risques ou de menaces», a avancé Emmanuel Macron. Pour Angela Merkel, «l'organisation des 27 Etats membres doit être prioritaire, nous devons nous occuper de notre avenir commun». La chancelière allemande a essayé de minimiser la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union en affirmant que le Brexit était un sujet secondaire. La question cruciale abordée par les deux responsables et qui constitue selon eux un défi, est l'immigration. Un thème qui a largement été développé pendant la conférence de presse. Pour le président français, qui a précisé que «les réfugiés ne sont pas n'importe quels migrants», leur accueil est nécessaire, et s'inscrit dans les valeurs du pays. «La crise migratoire n'est pas passagère, c'est un défi de long terme. (...) Nous devons accueillir des réfugiés car c'est notre tradition et notre honneur», a affirmé le président français. Le président de la République a également soutenu les positions de l'Allemagne sur le sujet, qui a accueilli plus d'un million de réfugiés sur ces deux dernières années. Pour la chancelière allemande, il faut «protéger les frontières mais aussi prendre en compte les causes des migrations». D'autres défis de l'Union européenne ont été abordés. Les deux acteurs politiques se sont félicités des avancées de l'Union européenne en matière de défense, et notamment de la création prochaine d'un Fonds européen pour la défense. Ce dernier devrait permettre de financer la recherche et développement et de soutenir l'industrie européenne de la défense. «Sa mise en place sera un progrès concret», soutient Emmanuel Macron. La question du climat a également été abordée. Après la sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris, la France et l'Allemagne ont rappelé l'importance de la prise en compte du climat pour l'Union européenne. Emmanuel Macron a souligné «l'engagement sans faille sur le climat européen et l'accord de Paris», dont l'Union européenne est «le principal défenseur». S'ils ne disent pas comment «relancer» l'Europe, Macron souhaite toutefois une collaboration étroite entre Paris et Berlin pour ce faire. Il propose une «feuille de route» franco-allemande qui éclairerait l'avenir de l'UE. «On parle de dix ans…», s'est-t-il contenté d'indiquer, évoquant une nouvelle «éthique de travail». «Il n'y a pas de solution pertinente pour l'Europe si la réponse n'est pas d'abord pertinente entre la France et l'Allemagne», a-t-il fait remarquer. Le coup d'envoi sera donné le 13 juillet, avec un Conseil des ministres conjoint à Paris. Tout au long du sommet européen, les deux pays ont déjà exprimé des réponses convergentes sur la crise migratoire, les défenses commerciales de l'UE et une mondialisation régulée. Merkel pour sa part, beaucoup plus prudente toutefois, parle d'un «nouvel espoir, auquel concourent des préparatifs franco-allemands». Elle ajoute que les deux capitales ne sont «pas encore d'accord sur tout» et que la France devrait songer à résorber enfin ses déficits. Mais, à ses yeux, l'Europe doit surtout relever son horizon et parler d'avenir à long terme, plutôt que de se passionner pour le contrat de divorce avec le Royaume-Uni. «Assez de gestion de crise ! L'heure est aux choix stratégiques et c'est précisément ce que nous allons faire en Europe avec Paris», confirme l'entourage de la chancelière.