Constat n Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de l'euro ont combattu jusqu'au bout pour que la Grèce reste dans l'euro [...], pour qu'un an plus tard, au final, on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos ?», a lancé la chancelière allemande. De moins en moins populaire dans son pays, la chancelière allemande espère que les discussions programmées entre les dirigeants européens et la Turquie le 7 mars, puis le sommet européen sur l'immigration des 18-19 mars, permettront de sortir l'Europe de l'impasse et de la course au rétablissement des frontières. En pleine crise des réfugiés, Angela Merkel défend avec force de conviction la politique d'accueil de l'Allemagne. «Mon foutu devoir et mon obligation sont que cette Europe trouve un chemin ensemble», a-t-elle lâché avec une verve inhabituelle lors d'une émission télévisée sur la chaîne publique ARD diffusée dimanche soir. La chancelière allemande a ainsi plaidé pour qu'une solution conjointe soit apportée à la crise migratoire. Sur le terrain, les Etats européens sont de plus en plus nombreux à instaurer des réponses nationales et à fermer leurs frontières. Inquiète, Angela Merkel a presque perdu son calme et sa retenue habituels. «Il n'y a aucune raison de croire que je peux résoudre le problème au moyen d'une fermeture unilatérale des frontières», a-elle martelé. «Je n'ai pas de plan B», a-t-elle insisté. Comme le raconte la Deutsche Welle sur son site, Mme Merkel a admis la complexité du défi que représente cette crise, qu'elle considère comme «une période très importante de notre histoire». Et de s'interroger : «Qu'est-ce qui est juste pour l'Allemagne à long terme ? Je pense que c'est de conserver une Europe unie et de faire preuve d'humanité.» La responsabilité de l'Allemagne est que ce problème soit réglé avec tous les pays et non pas aux dépens d'un pays. C'est ce que nous avons fait durant la crise de l'euro et nous devons faire de même avec la crise des réfugiés», a-t-elle soutenu. La chancelière a rappelé qu'elle misait sur l'accord de l'UE avec la Turquie – qui consiste à accorder des fonds et une reprise des négociations sur son adhésion à l'UE, en échange d'une action d'Ankara pour empêcher les flux migratoires de parvenir dans l'Union – l'arrivée de réfugiés se ferait alors sur la base de quotas, au départ du territoire turc. Une réunion doit avoir lieu début mars entre l'UE et la Turquie. «Angela Merkel espère toujours qu'une solution européenne pourra être apportée à la crise des réfugiés», écrivait le Spiegel Online en amont de l'intervention de la chancelière. Mais, sur le terrain, force est de constater qu'un «plan B est en train de se mettre en place». Belgique /Rétablissement des contrôles aux frontières 600 migrants déjà refoulés l La Belgique a refoulé vers la France plus de 600 personnes depuis le rétablissement des contrôles à la frontière franco-belge il y a une semaine, pour empêcher un éventuel afflux de migrants lié au démantèlement de la «jungle» de Calais, selon la police fédérale belge. Depuis l'annonce du dispositif par le ministre belge de l'Intérieur, Jan Jambon, mardi dernier, «619 personnes ont été bloquées : 334 qui étaient déjà sur le territoire belge et 285 à la frontière», a déclaré un porte-parole de la police, Peter De Waele. M. Jambon avait expliqué qu'il voulait éviter que des centaines de migrants, dont l'évacuation du camp de Calais (nord de la France) était alors imminente, ne passent en Belgique pour tenter une traversée vers la Grande-Bretagne depuis les côtes belges, au risque de voir apparaître des camps de fortune similaires aux abords du port de Zeebruge. En fin de semaine dernière, le ministère de l'Intérieur avait indiqué que 105 personnes avaient été reconduites à la frontière française le mercredi 24 février et 224 le jeudi 25 février dernier. L'opération, qui mobilise quotidiennement 300 policiers, a donc permis le refoulement de près de 300 personnes supplémentaires ces trois derniers jours, selon les nouveaux chiffres de la police. Par ailleurs, deux passeurs présumés ont été interpellés mardi 23 février près de Zeebruge et quatre autres dans la nuit de jeudi à vendredi, a indiqué hier, lundi, un porte-parole du parquet de Bruges. L'Autriche n'a «de leçons à recevoir de personne» l La ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, a affirmé hier, lundi, que Vienne n'avait «de leçons à recevoir de personne» dans la crise des migrants, en réponse aux critiques de Berlin et Athènes sur les restrictions de passages adoptées par l'Autriche et les pays balkaniques. «Nous n'avons de leçons à recevoir de personne» dans ce dossier, a déclaré la ministre chrétienne-démocrate à l'agence APA, rappelant que son pays était celui, après la Suède, qui accueillait le plus de migrants par habitant au sein de l'UE. «Il ne faut pas parler de pression (migratoire) à l'Autriche», a ajouté Mme Mikl-Leitner, réagissant notamment aux cris d'alarme d'Athènes, qui dénonce des risques d'engorgement en Grèce, ainsi qu'aux propos de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a reproché dimanche à l'Autriche et à ses voisins balkaniques d'avoir agi «arbitrairement» en limitant les passages. Mme Mikl-Leitner a rappelé que c'est l'Allemagne qui, sans l'afficher, a commencé dès décembre à filtrer les migrants à sa frontière autrichienne. Incidents à la frontière gréco-macédonienne l La tension à la frontière gréco-macédonienne est montée d'un cran hier, lundi, après que la police macédonienne eut tiré des gaz lacrymogènes contre des centaines de migrants qui tentaient de forcer la barrière frontalière pour protester contre la fermeture des frontières, un sujet qui divise l'UE. Alors que dimanche la Macédoine n'avait laissé quasiment aucun migrant traverser, lundi à l'aube, 300 Irakiens et Syriens ont finalement pu entrer en Macédoine. A la mi-journée, un autre groupe de 300 Irakiens et Syriens, dont des femmes et des enfants, ont forcé un cordon policier grec et enfoncé une partie de la barrière de barbelés marquant la frontière avec la Macédoine. Les policiers macédoniens ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes pour faire reculer les migrants et les empêcher d'entrer sur leur territoire. Selon l'ONG Médecins du monde (MDM) sur place, «au moins 30 personnes ont demandé à être soignées, dont de nombreux enfants». Selon MDM, le nombre actuel de migrants à Idoméni est quatre fois plus élevé que la capacité des deux camps installés près du poste-frontière et de nombreuses personnes doivent dormir dans les champs. Abdaljalil, un Syrien de 22 ans originaire d'Alep, se dit désespéré: «Personne ne nous explique pourquoi nous ne pouvons pas traverser. C'est très difficile ici, il n'y a ni place ni nourriture (...) et je ne peux pas rentrer à Alep». La Macédoine est le premier pays sur la route des Balkans, empruntée par les migrants qui arrivent sur les îles grecques en provenance des côtes turques et veulent rejoindre les pays d'Europe centrale et du Nord.