Qui dit fête de l'Aid dit rush vers les marchés, manque de liquidités dans les bureaux de poste et pénurie de carburant dans les stations-service. Cette fête qui marque la fin du mois de Ramadhan est synonyme également de frénésie au niveau des gares routières, des stations de taxi urbains et inter-wilayas. Deux jours avant la fête de l'Aid, les voyageurs trouvaient déjà des difficultés à se déplacer à l'intérieur de la capitale ou vers d'autres villes du pays. En dépit des mesures prises par la Société de gestion des gares routières d'Algérie (Sogral) qui a programmé, en prévision de l'Aïd El Fitr, plus de 1100 départs par jour au niveau de la gare routière du Caroubier, des citoyens ont tout de même eu du mal à rentrer chez eux ou à rejoindre leurs familles. «Je suis arrivé à la gare à 6h du matin dans l'espoir de trouver une place dans le bus qui assure les navettes vers Sidi Bel Abbès ; j'ai attendu au final plus de trois heures sans y arriver», se plaint Ryad, assis sur sa valise en guise de chaise devant les guichets de la gare routière. Voulant éviter cette situation, certains voyageurs ont dû organiser leur départ depuis jeudi, mais ils se sont retrouvés eux aussi piégés dans les files d'attente. L'attente est encore plus difficile pour les personnes se déplaçant en famille. Enfants et bagages, Lamine et sa femme ont attendu presque une heure à la place des Martyrs pour monter à bord d'un taxi à compteur. Rencontré à l'entrée de la gare routière, le couple témoigne du supplice vécu. «Tous les chauffeurs de taxi refusaient de s'arrêter car nous étions nombreux. Je suis avec ma femme, et mes deux enfants que vous voyez ici ne prennent même pas une place, puisque le plus grand a seulement 2 ans», raconte le père de famille, l'air encore agacé par le comportement des chauffeurs de taxi. Ces derniers préfèrent embarquer avec eux quatre personnes individuelles pour que chacune paye le prix affiché au compteur au lieu d'une famille voyageant ensemble et qui aura à payer une fois seulement la somme du voyage. Une pratique frauduleuse, selon la Direction des Transports de la wilaya d'Alger, qui a, par le passé, expliqué qu'un taxi à compteur n'avait pas le droit d'embarquer plusieurs personnes si celles-ci ne voyageaient pas ensemble. Une interdiction qui ne semble pas déranger les chauffeurs de taxi qui continuent encore et particulièrement durant certaines occasions à imposer leur diktat aux voyageurs. Face à l'attente et à l'impatience des deux enfants qui suffoquaient sous le soleil, Ryad accepte le deal d'un chauffeur qui lui a réclamé 800 Da pour la navette qui aurait dû coûter au couple pas plus de 120 Da. «Je n'avais pas le choix, il faisait très chaud et aucun taxi ne s'arrêtait», regrette le père, impuissant. Interrogé, un chauffeur qui attend de nouvelles «victimes» à la sortie de la gare affirme n'éprouver aucune gêne à imposer des prix aux clients. Pour lui, l'essentiel est de payer le carburant, les réparations de la voiture et gagner de l'argent. «Il faut bien que j'y arrive, et autrement, je ne peux pas», justifie-t-il. Sachant qu'il était dans l'illégalité, le chauffeur ne compte pas pour autant se rétracter puisque, dit-il encore, «ni la Direction ni le ministère des Transports ne se soucient des problèmes des chauffeurs de taxi ; le prix du carburant a augmenté, les commerçants n'hésitent pas à faire flamber les prix de leurs produits avant l'Aid sans qu'aucune autorité n'intervienne. et vous voulez que moi, je respecte la loi ? Non impossible». 35 000 voyageurs attendus… L'entreprise publique Sogral a pour sa part programmé des bus supplémentaires à partir de la gare routière du Caroubier, portant à 1100 le nombre de départs par jour durant les trois jours qui précèdent l'Aïd El Fitr, selon son premier responsable, Bouchehida. Un chiffre revu à la hausse comparativement à celui enregistré quotidiennement et qui est de l'ordre de 800 et 900 départs par jour. Le PDG de la Sogral a indiqué que son entreprise estime à 35 000 le nombre de voyageurs durant la période de l'Aïd. La gare routière pourra, rassure-t-il, accueillir jusqu'à plus de 50 000 voyageurs par jour.