Un dialogue qui n'en est pas un devient pagaille et cette dernière va aux éclats de voix. Le tout voit la justice s'en mêler. Et ici, les juges n'ont que le dossier sous les yeux et les avocats comme guides. A moins, que le parquet s'en mêle alors, là... Nous sommes à la mi-octobre 2008. Il est trois heures du matin. La circulation est quasi inexistante dans les artères de la daïra de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger). Un automobiliste sorti acheter un médicament pour son enfant handicapé est pris pour une infraction du code de la route. Ce genre de délit nés d'infractions commises souvent bêtement commence à bien faire. En 2008 et à la veille de 2009, il est malheureux de constater qu'il existe encore une catégorie de chauffeurs qui n'a pas encore compris ce que représente l'uniforme d'un agent de police et ce que coûte les poursuites engagées. Le prévenu du jour est arrêté par des policiers pour un contrôle de routine... Vite, le dialogue prend une autre tournure. Cela se gâte même. Des petits mots, on passe au tir nourri d'échanges d'autres mots plus corsés, ceux-là ! Et comme toujours, les policiers crient à l'outrage. Le citoyen est prié de les suivre au commissariat. Là, les procédures d'audition ont lieu. L'automobiliste est dans tous ses états. L'aube arrive. La relève aussi. L'inculpé est entendu sur procès-verbal. Puis c'est la comparution en flagrant délit. Ce samedi toute pimpante, Saloua Makhloufi-Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) a devant elle, ce Rambo de trois heures du matin. Mais en juge avisée, la présidente sait que c'est le procès du jour qui va l'édifier. Maître Hadj Laïdat assiste le malheureux inculpé encore sonné par tout ce qui lui arrive, détention préventive oblige. Abdelmadjid B. a du mal à s'expliquer. Son avocat se chargera lors de sa plaidoirie de mener le tribunal vers les circonstances atténuantes. Il avait un enfant malade et donc le médicament était nécessaire à acquérir en cet horaire tardif de la fin de la nuit, a articulé l'avocat au collier noir poivre et sel qui ajoutera que le comble c'est qu'en quittant son domicile, il savait qu'il laissait derrière lui une épouse sur le point d'accoucher. Alors, vous comprenez l'état dans le lequel se trouvait Abdelmadjid qui mérite l'indulgence du tribunal, a récité le défenseur qui avait précisé la nature du médicament, «Valium». Makhloufi-Derbouchi va suivre l'avocat et infliger une peine de prison assortie du sursis.