Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a qualifié hier de «double échec» les tentatives du Maroc de changer les principes politiques des pays de l'Union africaine sur la question sahraouie. Dans un point de presse animé à l'ambassade de la RASD à Alger, le chef de la diplomatie sahraouie est revenu longuement sur le dernier sommet de l'UA à Addis-Abeba qui était, dit-il, une «victoire importante», en faveur du peuple sahraoui. «L'Afrique a dit que la question du Sahara occidental est d'abord africaine», rappelle-t-il d'emblée. Une preuve, selon lui, que «le Maroc a échoué dans sa tentative de changer les bases juridiques et les principes politiques de l'UA sur la question sahraouie». Le Royaume de Mohammed VI a également échoué, estime le conférencier, lorsqu'il a «récolté des résultats contraires à ses objectifs, en voulant intégrer l'Union africaine en janvier dernier». Considérant à tort que la question sahraouie est exclusivement entre les mains du Conseil de sécurité de l'ONU, au sein duquel la France jouit du droit de veto, le Maroc avait essayé d'enlever des paragraphes dans le cadre des rapports de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. Lors du 29e sommet de l'UA, la résolution africaine sur le Sahara occidental avait demandé au président de la Commission de l'UA, en concertation avec le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, de prendre les mesures appropriées sur cette question sahraouie. L'une d'elles est la revitalisation du Comité des chefs d'Etat décidé en 1978, pour soutenir les efforts des Nations unies et encourager les parties, aujourd'hui présentes toutes les deux au sein de l'UA, pour coopérer loyalement en vue du succès du nouveau processus. Le chef de la diplomatie sahraouie a, dans ce sens, «salué» la décision des chefs d'Etat et de gouvernement africains lors du sommet d'Addis-Abeba. Celle qui donnait mandat au président en exercice de l'UA, au président de la Commission, au haut représentant spécial au Sahara occidental de l'UA et au Conseil de paix et de sécurité de l'UA de prendre toutes les initiatives dans le cadre africain et en coopération avec l'ONU en faveur de l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'indépendance et à l'autodétermination. Cette décision peut, selon Mohamed Salem Ould Salek, également donner «la possibilité d'organiser, si nécessaire, un référendum d'autodétermination». Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères sahraoui a réitéré, lors de son point de presse, la position du gouvernement sahraoui et du Front Polisario à propos du projet de loi marocain visant à délimiter les eaux territoriales entre le Sahara occidental occupé et les Iles Canaries (Espagne). Le texte est, dit-il «nul et non avenu». «Une telle décision constitue une violation flagrante du droit international et du statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome inscrit à l'ordre du jour du Comité des Nations unies», dénonce Ould Salek. Selon lui, «cette décision sans effet politique ou juridique sur le plan international est une nouvelle fuite en avant qui cache mal les débours ainsi que la situation difficile que traverse actuellement le Maroc tant sur le plan intérieur que sur le plan africain et international». Ce projet de loi, rappelons-le, adopté jeudi dernier par le gouvernement marocain, est un décret portant délimitation des eaux territoriales sahraouies en face des Iles Canaries.