Depuis son installation à la tête du ministère de l'Industrie et des mines, Mahdjoub Bedda ne cesse de manifester sa volonté de relancer le secteur industriel afin de réduire la marge de manœuvre des barons de l'importation qui ont détruit l'industrie nationale. En effet, après avoir procédé à des changements dans la filière du ciment et pris des mesures pour mettre un terme à l'anarchie qui règne dans l'industrie automobile, Mahdjoub Bedda s'est intéressé à la situation du complexe d'El Hadjar, d'autant plus que ce groupe a connu des dysfonctionnements ces dernières années à lel point qu'il risquait de fermer. Détruit et complètement laminé par le groupe AcerlorMittal, El Hadjar a été récupéré par l'Etat après avoir déboursé près de 1 milliard de dollars. Autrefois fleuron de l'industrie, ce complexe est devenu aujourd'hui la hantise de l'Etat. Le ministre de l'Industrie a donc décidé de voir plus clair dans ce dossier. Il a convié, selon un communiqué du ministère de l'Industrie, les responsables des groupes Imetal et Sider ainsi que les responsables, les cadres et le partenaire social du complexe sidérurgique d'El Hadjar (Annaba) pour une réunion de travail. Cette rencontre qui s'est déroulée samedi à Alger a été consacrée à l'examen de la situation de ce complexe «qui a connu par le passé des dysfonctionnements impactant sa productivité et sa rentabilité», a souligné la même source. Des explications sur le management, les modes d'approvisionnement en matières premières, les difficultés financières et techniques ainsi que le climat social au sein du complexe d'El Hadjar ont été fournis au ministre. Le ministre a saisi l'occasion pour «inciter les différentes parties à travailler en étroite collaboration dans un cadre serein et empreint de fraternité afin de permettre au complexe de retrouver ses niveaux de production et son image de fleuron de l'industrie algérienne», a précisé le document. L'implication du partenaire social pour trouver «les solutions adéquates» a été soulignée par le ministre. Le ministre a réitéré, dans ce contexte, la disponibilité de son département ministériel à répondre «efficacement» à toutes les préoccupations des travailleurs et à combler «les insuffisances» constatées. M. Bedda a évoqué, en outre, l'aspect formation pour assurer la relève, devenue «indispensable» pour le développement du complexe, en raison de la déperdition et des départs à la retraite, en appelant à des recrutements sur la base de «qualifications et compétences» avec une priorité aux jeunes de la région dans le respect de la réglementation. Des explications sur le fonctionnement du haut fourneau numéro deux, remis en service en mars dernier après une opération de réhabilitation, ont été également présentées au ministre. Selon les responsables du complexe, la durée des pannes survenues dernièrement au niveau de ce fourneau, estimée à «quelques heures», entre dans le cycle normal d'exploitation. Dans ce cadre, il a été convenu d'entreprendre des actions concrètes sous les orientations du ministre, à l'effet d'améliorer la communication sur les aspects techniques liés au fonctionnement du complexe. Liste des besoins à fournir Les différentes parties prenantes à cette rencontre ont aussi exposé certains problèmes techniques et financiers qui influent négativement sur la production, à l'instar de l'alimentation en eau, l'électricité, la qualité du minerai de fer issu des mines de Boukhadra et d'El Ouenza (Tébessa). En réponse à ces préoccupations, M. Bedda a instruit les responsables d'El Hadjar de formaliser les besoins afin de saisir les autorités compétentes. S'agissant du volet financier, M. Bedda a demandé que la deuxième phase du plan de développement du complexe soit revue et actualisée en prenant en compte les évolutions récentes. L'objectif est de permettre au complexe d'augmenter sa production, de réduire la facture d'importation d'acier et de contribuer à la nouvelle dynamique que connaît le secteur, notamment dans le domaine de l'industrie mécanique. M. Bedda a instruit les responsables d'établir une feuille de route avec des actions ciblées et la soumettre pour approbation. Pour le syndicat de l'entreprise, la rencontre est considérée comme «unique en son genre», précisant que c'est la première réunion réservée au partenaire social, menée par le secrétaire général du syndicat de l'entreprise et les cadres gestionnaires du complexe d'El Hadjar. Saluant les faits «très positifs» de cette réunion, le syndicat de l'entreprise a également qualifié cette rencontre de «déclic pour un changement réel» afin de réussir le défi «tant attendu» et arriver à la sauvegarde du patrimoine de d'Etat, en incitant tous les travailleurs et les cadres fidèles à redoubler d'efforts et à veiller sur leur gagne-pain.