Après l'interdiction d'une conférence sur l'édition du livre amazigh à Aokas, suivie par la répression des participants, des députés de la wilaya de Béjaïa mettent en garde contre l'interdiction des activités culturelles dans la wilaya. Deux députés, à savoir Braham Bendjadi et Khaled Tazaghart, ont été reçus, à leur demande, par le wali de la wilaya pour l'interpeller sur le problème des libertés d'expression en général dans la wilaya et en particulier l'interdiction des activités du café littéraire de Aokas. «On lui a dit que ce sont les décisions de l'administration qui mettent en danger la région et non pas le mouvement associatif ou les conférences qui y sont organisées», a indiqué Khaled Tazaghart, contacté hier par nos soins. «On a exigé qu'il n'y ait plus d'interdiction des activités culturelles et dénoncé avec force l'agression du caricaturiste Ghilas Aïnouche», a ajouté notre interlocuteur. Quelle a été la réaction du premier magistrat de la capitale des hammadites ? Selon le député du Front El Moustaqbal, le wali a insisté sur le respect de la réglementation. «Il a parlé uniquement de la réglementation», a-t-il affirmé, précisant qu'il n'a jamais évoqué le MAK. Dans le communiqué rendu public par les deux députés après leur rencontre avec le wali, ils ont souligné : «nous avons fait part au wali de notre détermination à accompagner le combat des militants du café littéraire de Aokas à chaque fois que leurs activités sont menacées d'interdiction». «Nous avons tenu à lui exprimer notre profonde indignation sur la répression dont étaient victimes les militants et les acteurs du mouvement associatif à Aokas. Nous lui avons rappelé que Béjaïa est le bastion de toutes les luttes démocratiques, ses militants dont nous faisons parties n'accepteront jamais la remise en cause des acquis démocratiques arrachés hautement par plusieurs générations de militants», ont-ils ajouté. Selon les deux parlementaires, une délégation des membres du café littéraire d'Aokas sera reçue aujourd'hui au siège de la wilaya pour évoquer le problème de l'interdiction systématique des activités de l'association. Mais la démarche des deux députés ne fait pas l'unanimité chez les autres parlementaires de la wilaya. Ceux du RCD ont refusé de prendre part à la réunion avec le wali. «Ceux qui ont rencontré le wali aujourd'hui ne peuvent être les interlocuteurs de ceux qui luttent régulièrement pour les libertés. Les députés du RCD se démarquent de cette rencontre-alibi», indique le bureau régional du parti dans un communiqué. Pour lui, «l'irresponsabilité des autorités, coupables de la dérive d'Aokas ne peut trouver réparation qu'à travers la condamnation des coupables». Le communiqué rappelle que le RCD a déjà condamné la répression qu'ont subie les citoyens d'Aokas et leurs invités. «Le RCD condamne énergiquement cet acte irresponsable des autorités et se tient aux côtés de ceux qui luttent quotidiennement sur les espaces publics pour une expression libre et autonome de tous les acteurs, sociaux, culturels et politiques de notre région», précise le parti.