L'intervention musclée de la police pour empêcher la tenue de la conférence – la huitième interdite à Aokas – en employant un «dispositif de guerre», comme d'aucuns l'ont qualifié, a choqué par sa violence et sa brutalité. Le calme est revenu avant-hier à Aokas, vers 20h, après un après-midi d'émeutes, survenues suite à l'interdiction d'une conférence que devait animer l'éditeur et linguiste Ramdane Achab, au centre culturel Rahmani Slimane, autour du thème de l'édition du livre amazigh. L'intervention musclée de la police pour empêcher la tenue de la conférence – la huitième interdite à Aokas – en employant un «dispositif de guerre», comme d'aucuns l'ont qualifié, a choqué par sa violence et sa brutalité. La résistance opposée par la population et les heurts qui ont suivi ont fait beaucoup de blessés dans les deux camps. Du côté des manifestants, on dénombre plusieurs blessés, tabassés ou atteints par des balles en caoutchouc. Cependant, cet acharnement de l'administration et des services de sécurité contre la culture et les personnes qui tentent de maintenir sa flamme allumée n'a en rien entamé la détermination de la société civile à continuer d'organiser des manifestations culturelles. Hier, au lendemain de la répression d'Aokas, une réunion devait se tenir vers 17h dans cette ville balnéaire pour «discuter de la suite à donner à cette journée de répression». C'est ce que nous avons appris de Mouloud Tayakout, membre de l'association Azday Adelsan n'Weqqas, qui organise le Café littéraire. «Ce qui s'est passé est déplorable. Au-delà du choc et des blessés, de grands dégâts sont causés à la culture. Les associations et les partis politiques, dont le PST, le FFS et le RCD, nous ont dit que désormais c'est leur affaire. Une réunion devrait se tenir ce soir (hier, ndlr). Cela devrait aller dans le sens d'organiser la résistance et de maintenir les conférences même sans autorisation», a-t-il affirmé. Chawki Amari en conférence samedi prochain Même son de cloche chez Fatah Bouhmila, enseignant à l'université de Béjaïa et animateur du Café littéraire d'Aokas : «Maintenant que les choses se sont calmées, on peut réfléchir à froid et discuter de la suite. De toute façon, ça ira dans le sens de continuer nos activités malgré les interdictions.» Et d'annoncer : «Chawki Amari, le chroniqueur d'El Watan, nous a donné son accord pour tenir une conférence samedi prochain qui aura pour thème : ‘‘Littérature et engagement politique''.» A propos de l'accusation comme quoi c'est le MAK qui organise les Cafés littéraires à Aokas, prétexte par lequel l'administration justifie les interdictions, Fatah Bouhmila dément formellement : «Nous sommes un espace autonome et démocratique. Les 10 éléments les plus dynamiques de notre organisation ne sont pas du MAK. Ils appartiennent à plusieurs sensibilités politiques, mais ils ne se définissent jamais en tant que tel. Ils œuvrent pour la culture et le savoir.» Et d'ajouter : «Il y a des gens du MAK qui assistent à nos rencontres, mais ils n'affichent jamais leur appartenance politique. Nous refusons de rentrer dans le jeu du pouvoir qui diabolise le MAK. Ses adeptes sont des gens que nous connaissons, des voisins, des amis..., on n'a aucun problème avec eux.» Par ailleurs, il faut souligner que des députés, dont Khaled Tazaghart, Nora Ouali et Braham Bennadji, qui étaient présents à Aokas, se sont entretenus par téléphone avec le wali, Mohamed Hattab. Ce dernier les a conviés à une rencontre, hier à 15h, pour «débattre de ces interdictions». Pour Nora Ouali, députée du RCD, il n'est pas question d'aller à cette réunion. «Quand ils nous a contactés, nous avons demandé au wali d'écarter la police et de laisser la conférence se tenir. Le wali n'a pas pris acte de cette demande. Il n'est donc pas question de répondre à son invitation, puisqu'il ne peut visiblement pas régler ce problème. C'est le cas pour la répression de la marche du Snategs, le wali nous a signifié que l'affaire le dépassait. A quoi bon y aller dans ce cas ?» nous a-t-elle dit hier au téléphone.