La 14e édition du Festival Raconte-Arts s'est clôturée, dans l'après-midi de lundi, dans un climat très intense en émotion. Prévue pour la matinée, la cérémonie de clôture a vu les au-revoir durer jusqu'à une heure tardive de la journée. Des centaines de participants, entre artistes et visiteurs, se sont rassemblés dès les premières heures de la matinée dans la placette du village d'Ath Ouabane dans la wilya de Tizi ouzou. Entre la joie d'avoir pris part à l'une des éditions les plus réussies du festival et la tristesse de s'en séparer, des sentiments confus se lisaient sur les visages des participants, et même des villageois qui ont vite adopté cet événement. On traîne les pas pour monter dans les bus mobilisés pour la circonstance pour transporter les participants. Sous un soleil écrasant, des scènes pleines d'émotion ont meublé toute la matinée de ce lundi. L'édition de cette année a marqué les esprits par son originalité. Pour Marions De Dominicis, une écrivaine française qui a animé un atelier ouvert d'écriture «le village d'Ath Ouabane est particulier, c'est le cas de tous les villages kabyles. Ici, il y a une dimension un peu particulière. Il y a une grande liberté de parole. J'ai la chance de discuter pour la première fois de ma vie avec des jeunes hommes algériens, ultra conscients de l'importance de la condition féminine dans le monde. C'est la première fois que je découvre de jeunes algériens qui ont compris à quel point il est primordial de traiter cette question en priorité absolue. Du coup, cela a donné lieu à des conversations très intéressantes, sincères, profondes et engagées. J'ai rencontré des jeunes qui sont très engagés culturellement. Je pense que c'est dû au village. Il y a une dimension un peu verticale et mystique du fait que nous sommes sur une montagne. J'ai vraiment aimé le fait que la mosquée du village serve aussi de centre culturel. On annonce les activités culturelles du festival dans le haut parleur de la mosquée, et je trouve ça extraordinaire», dit-elle. Au sujet du déroulement de l'atelier qu'elle a animé au Festival, Marions De Dominicis avoue qu'au début «je paniquais un peu, parce que chaque année, c'est organisé un peu à l'arrachée le premier jour. Au début, il y avait dix personnes qui voulaient prendre part à mon atelier. Il y a quelques-uns qui ont abandonné mais il y a une autre dizaine qui est venue par la suite. Cette quinzaine de jeunes adolescents revenaient tous les jours à l'heure, même à l'avance, par une chaleur écrasante, car l'atelier se tenait de 14h à 16h. Au lieu de faire la sieste et aller prendre des glaces, ils venaient tous, tous les jours. Ils étaient tellement motivés, et n'ont pas raté une miette de ce que je proposais. C'est tellement très bien, et c'est une superbe surprise pour moi», se réjouit-t-elle. Grande satisfaction des organisateurs De leur côté, les organisateurs affichent une grande satisfaction, d'autant plus qu'ils ont réussi la prouesse de gérer un flux de participants beaucoup plus nombreux que prévu. C'est le constat d'Omar Aït Slimani, représentant du comité de village d'Ath Ouabane. Celui-ci admet que «le festival s'est très bien déroulé, plus qu'on l'a souhaité. Nous avons prévu d'accueillir au maximum 350 personnes, et finalement nous avons pu héberger plus de 800 personnes. Nous n'avons pratiquement renvoyé aucune personne qui nous a sollicités pour l'hébergement. Les participants nous ont témoigné leur reconnaissance et sont tous satisfaits de l'accueil. Nous avons également pu satisfaire la demande de tous les participants sur le côté restauration. Pour les activités, nous avons donné libre choix aux participants, notamment sur ce qui est activités off au programme. Il paraît qu'il s'est passé énormément de choses et d'activités artistiques. Je ne peux pas vous dire tout car, c'est impossible de voir tout ce qui s'est fait en même temps. Il y a des activités que je découvre à la télé, ou sur les réseaux sociaux. Nous avons également passé de magnifiques soirées artistiques. Cela commence vers 20h pour se terminer au petit matin. Personnellement, je suis plus que satisfait. Je vois également le même sentiment de joie et de bonheur sur les visages des villageois. Ce dernier jour est plein de moments d'émotion très intenses. J'espère que tous les participants, nationaux et étrangers, vont revenir chez eux avec de beaux souvenirs de notre village Ath Ouabane», dit-il. Participation des villageois De son côté, Arezki Diche, président de la ligue des arts dramatiques et cinématographiques de Tizi Ouzou, qui organise ce festival, abonde dans le même sens. «C'est une édition extraordinaire, réussie sur tous les plans. Que ce soit dans la réalisation du programme, ou dans l'organisation, tout est réussi. Nous avons eu des flux importants de visiteurs. Pas moins de 10 000 visiteurs par jour sont venus à Raconte-Arts, tout au long de cette semaine, et il n'y a pas eu le moindre petit incident. Donc, ça renseigne sur la qualité de l'organisation. Les villageois d'Ath Ouabane se sont vraiment investis dans l'événement. Le succès du festival a fait qu'au début, nous avons eu 428 inscrits. Le jour de l'ouverture du festival, nous avons été submergés de monde. Même des visiteurs venus d'ailleurs ont été hébergés par les villageois», dit-il. Le festival donne d'ores et déjà rendez-vous à son public pour la 15e édition, l'année prochaine. Elle va se dérouler au village Tafardout, dans la commune d'Ath Bou Youcef, à Aïn El Hammam.