Au sein de la direction nationale du FFS, rien ne va plus. C'est la crise totale. Ce que l'on a annoncé, hier, comme un remplacement du premier secrétaire national, n'est autre que la face visible de la maison qui prend feu de l'intérieur. «Abdelmalek Bouchafa a, en réalité, démissionné de son poste, jeudi», apprend-on d'une source digne de foi. Le désormais ex-premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) a jeté l'éponge, après que la commission de médiation du parti eut décidé de réhabiliter des fédéraux suspendus par la direction dont il fait partie. Il s'agit, selon notre source, en effet, des fédéraux de Tizi Ouzou, Boumerdès et d'Alger, respectivement suspendus par l'instance présidentielle, le secrétariat national et Bouchafa lui-même. «Bouchafa a interprété ces décisions comme un désaveu total. Il n'a plus de pouvoir», explique encore notre source qui assure que la démission a été entérinée par l'instance présidentielle, avant-hier. Une suite logique de la situation qui prévaut au sein de l'état-major du parti depuis plusieurs mois maintenant, particulièrement depuis l'exclusion de Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle. «La crise ouverte par le putsch de l'instance parallèle qui gère actuellement le parti (Mohand Amokrane Chérifi, Ali Laskri, Aziz Balloul, Karim Balloul, Salima Ghezali et Chafaâ Bouaiche…), sera destructrice et durable si les instances du parti ne réagissent pas», écrivait en décembre 2016, le vieux militant dans une déclaration. Mais la direction du parti continue d'agir comme si de rien n'était. Hier, l'instance présidentielle dit avoir «nommé, dans l'esprit de collégialité et de rotation des cadres dirigeants du parti, le camarade Hadj Djilani Mohamed en qualité de premier secrétaire du FFS en remplacement du camarade Bouchafa Abdelmalek, nommé membre du Comité d'Ethique du parti». Une décision prise «conformément à l'article 50 des statuts du parti», indique un communiqué du FFS. Une démission donc maquillée et camouflée en un remplacement ordinaire qui répond à l'esprit de l'alternance mais qui, en vérité, cache une réalité amère : c'est que «le FFS vit une crise», soutient avec beaucoup de regrets notre source, n'hésitant pas à souhaiter l'enterrement du parti en mémoire de feu Hocine Aït Ahmed, son fondateur qui doit certainement se retourner dans sa tombe un an et demi après sa disparition. C'est dans ce climat que le parti que l'on continue de qualifier - par tradition - de «vieux parti de l'opposition», se prépare aux élections locales de l'automne prochain. «Le FFS mettra en œuvre tous les atouts et tous les moyens nécessaires à la réussite politique de la participation», indiquait hier la direction dans son communiqué, insistant sur des mécanismes tels que «la transparence» dans le choix des candidats et «une forte implication de la base militante». Des membres du Secrétariat national vont compléter la composition de la commission de choix des candidatures, alors qu'un directoire national de campagne, chargé de gérer et d'animer la campagne électorale au niveau national, a été mis en place. Par ailleurs, le FFS annonce une série d'activités à organiser dont la commémoration, le 20 août prochain, du 61e anniversaire du Congrès de la Soummam à travers «un rassemblement à Ifri Ouzellaguène», et la célébration du 54e anniversaire de sa création, coïncidant avec le 29 septembre de chaque année. Quant à l'université d'été du parti, elle a été programmée pour les 11, 12 et 13 octobre. Analysant la situation politique du pays, le FFS estime être «plus que jamais convaincu que devant la crise multidimensionnelle qui paralyse le pays, une politique de remobilisation démocratique et pacifique de la population et du sens de l'engagement est nécessaire». Quatre membres du Conseil national radiés Quatre membres du conseil national du FFS ont été radiés des rangs du parti, a-t-on appris de sources internes fiables. Les quatre ont brigué un mandat à l'Assemblée populaire nationale (AN), entre 2012 et 2017. Nacim Sadeg sur la liste de Tizi-Ouzou, Arezki Derguini de la circonscription de Bejaïa ainsi que Abbès Abdelhamid et Sabrina Fatmi de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, ont été exclus du FFS «pour contentieux financier», expliquent nos sources. Ces anciens députés, actuellement membres du conseil national, «ne se sont pas acquittés de leurs dettes de cotisation sur le mandat envers le parti». La décision a été prise il y a une semaine, par la commission de médiation du parti. Des décisions qui ne font qu'aggraver la situation du parti, dans les wilayas concernées, à la veille des élections locales prévues l'automne prochain. Nommé nouveau premier secrétaire national du FFS: Qui est Mohamed Hadj Djilani ? Comme son prédécesseur Abdelmalek Bouchafa, qui a échoué à Constantine, le nouveau premier secrétaire national du Front des forces socialistes, Mohamed Hadj Djilani, n'a pas réussi à gagner ne serait-ce qu'un siège à l'APN, avec la liste qu'il a conduite à Aïn Defla, à l'occasion des législatives du 4 mai dernier. Né le 26 mai 1966 à Miliana, dans la wilaya de Ain Defla, Hadj DJilani n'a que 11 ans de militantisme au sein du FFS, selon sa biographie publiée par le parti. Cadre dans le secteur de la santé et issu du mouvement syndical autonome, «il a adhéré au vieux parti en 2006». Une année après seulement, il sera élu membre du conseil national à l'occasion du congrès auquel il a pris part. Et c'est en 2012 qu'il sera élu premier secrétaire de la fédération d'Ain-Defla et «contribue à la structuration et au développement du parti dans la région Ouest», écrit-on dans la même biographie. Il y a une année, Hadj Djilani était secrétaire national chargé des relations militantes puis secrétaire national chargé du pôle société civile. C'est dire qu'en l'espace d'une décennie seulement, le nouveau n° 1 du FFS a vite gravi les échelons. Un «privilège» dont beaucoup de cadres avec un bagage et un parcours militant plus importants, n'ont pu bénéficier.