Tout est fait pour que le Cameroun baisse pavillon et cède sa place d'organisateur à ce pays. La Confédération africaine de football vient d'adresser au Cameroun le nouveau cahier des charges de la CAN 2019 que ce pays va organiser. Dans le nouveau document, il est officiellement question d'un tournoi à 24 équipes et non plus à 16. Il y est noté que le pays organisateur doit obligatoirement disposer de six stades de la compétition, deux de 15 000 places, au minimum, chacun, deux de 20 000 places, au minimum chacun et deux autres de 40 000 places, au minimum chacun. Chaque stade devra, en outre, disposer de deux terrains d'entraînement. C'est, donc, un véritable coup de massue qui vient de s'abattre sur le Cameroun. Déjà en proie à des difficultés pour organiser un tournoi à 16 équipes, qui nécessite 4 stades seulement, on le voit mal répondre favorablement au nouveau cahier des charges où il lui est exigé 6 stades de compétition avec, en sus, deux terrains d'entraînement par site. Certes, il y a quelques jours de cela, le chef de l'Etat camerounais, Paul Biya, a donné des assurances que son pays serait prêt pour accueillir la compétition même avec 24 équipes, on ne peut s'empêcher de rester perplexes. Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas que les sites de compétition qui entrent en compte. On doit, par exemple, se soucier de l'hébergement des 24 équipes, ce qui voudrait dire leur donner la possibilité de résider dans des hôtels de luxe. Quid des CAN 2021 et 2023 ? Le Cameroun est-il si bien équipé en ce sens ? On en doute. En fait, il n'y a pas que ce pays à se heurter à d'immenses problèmes. Peut-on croire, un seul instant, que la Côte d'Ivoire appelée à accueillir les 24 finalistes en 2021 disposera, d'ici là, de toutes les commodités exigées par le cahier des charges ? Et en 2023, est-ce que la Guinée sera prête à recevoir la compétition ? N'oublions pas que nous parlons de l'Afrique où le revenu par habitant est parmi les plus faibles du monde, où il y a d'immenses priorités à prendre en charge avant celle d'organiser une CAN. De ce point de vue, la CAF, dans sa version Ahmad Ahmad, aura bien des difficultés à trouver un pays qui accepte d'organiser un tournoi à 24 équipes. Mais pour 2019, son plan d'action semble marcher comme elle le souhaite. Ou comme elle l'avait concocté. La décision de passer de 16 à 24 équipes a été prise lors d'un symposium organisé en juillet dernier au Maroc. A cette occasion, les pontes de la CAF ont été reçus comme il se doit. On a été aux petits soins avec eux. Tout a été élaboré pour que le Maroc passe pour le pays qu'il faut pour prendre la relève du Cameroun, si celui-ci venait à se désister. Et même s'il ne désistait pas, on lui ferait subir une telle pression et on lui exigerait des telles conditions, qu'il finirait par se retirer. Les Marocains ne cessent de parler de leur envie d'organiser le tournoi de 2019. Ils veulent, à travers cette démarche, prendre leur revanche sur cette CAF qui avait eu l'audace de suspendre leur Fédération de football après que leur pays ait demandé et obtenu un refus de retarder la CAN 2015 pour cause de fièvre Ebola. Le Maroc a investi la CAF, par le biais du président de sa fédération, Faouzi Lekjaâ, devenu un membre influent de son comité exécutif. Il est entièrement engagé dans le processus visant à octroyer l'organisation de la CAN 2019 à son pays. Une organisation pour laquelle l'Algérie a dit qu'elle était prête à prendre en charge en cas de retrait du Cameroun. Mais avec peu de chance d'obtenir satisfaction. Les dés sont pipés Il faut être réaliste face au scénario qui se déroule devant nous. Si la CAF agit ainsi c'est pour répondre aux faveurs du Maroc. Les dés son pipés et les jeux faits d'avance. Le Maroc, qui s'est porté candidat à l'organisation de la Coupe du monde de football de 2026, cherche à se placer sur le plan diplomatique et se sert, un peu comme le fait le Qatar, du sport et du football en particulier. Selon des informations que nous avons obtenues, ce pays chercherait à pallier une éventuelle défection du Kenya qui doit organiser le CHAN 2018 mais qui, comme le Cameroun, serait soumis à d'innombrables difficultés. Et pour couronner le tout, le Maroc souhaiterait réactiver la Coupe arabe des nations, dont la dernière édition, organisée en Arabie Saoudite, qui remonte à 2012, avait été remportée par son équipe nationale. Ce pays se placerait, ainsi, dans une double position, africaine et arabe favorable à ses desseins diplomatiques. En attendant de faire parler de lui à l'échelle mondiale avec la Coupe du monde 2026. Un scénario qui n'a rien d'utopique quand on voit avec quelle facilité les responsables de la CAF tressent des louanges à ce pays. Mais l'Afrique ce n'est pas que le Maroc, et la CAF risque d'en subir les conséquences dans un avenir pas si lointain.