Le chef des Ahmadis algériens, Mohamed Fali, a été arrêté, hier, dans la maison de sa mère à Ain Al-Safra, dans la wilaya de Naâma, a annoncé l'avocat des adeptes de ce courant, Salah Dabouz. «L'arrestation de M. Mohamed Fali, premier responsable du groupe Ahmadiya en Algérie à quelques jours de l'Aïd al-Adha, Mohamed Fali a été jugé condamné, emprisonné et est actuellement poursuivi par plusieurs tribunaux de la république sur la base des mêmes accusations, à cause de ses croyances qui ne plaisent pas au ministre des Affaires religieuses», a alerté Me Dabouz dans la matinée d'hier. Comme tous les Ahmadis poursuivis ces derniers mois, le chef de la confrérie fondée par Mirza Ghulam Ahmad, en 1889 en Inde, est poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpations, dont collecte de fonds sans autorisation, atteinte au Prophète (QSSL) et constitution d'une association sans agrément. Sa nouvelle arrestation a provoqué la colère de plusieurs organisations de la société civile qui ont appelé à l'arrêt des poursuites contre tous les Ahmadis. Selon Salah Dabouz qui a assuré la défense de plusieurs membres des groupes démantelés par les services de sécurité, Mohamed Fali est jugé, condamné et encore poursuivi pour les mêmes faits dans plusieurs tribunaux et par fois le même tribunal plusieurs fois (exemple tribunal de Boufarik). «Ce qui est complètement illégal», a-t-il affirmé. «Ils sont poursuivis parce qu'ils pratiquent l'Islam d'une manière qui déplaît au ministre des Affaires religieuses qui considère qu'il existe un Islam «révérenciel» pour les Algériens qui ne doivent chercher d'autres pratiques que ce que, lui, considère comme le seul Islam vrai, juste et authentique», dénonce-t-il. Contacté par nos soins, l'avocat résume la procédure suivie dans la condamnation des adeptes de l'ahmadya. «Ça commence toujours par les services des renseignement qui s'assurent que la personne concernée appartient bien au groupe Ahmadya. Puis, ils transmettent aux services de sécurité (police et gendarmerie), ensuite le juge d'instruction qui, dans tout les cas que j'ai défendus, ne fait que valider tous les rapports précédents et enfin les juges de sièges qui valident et essaient de trouver un cadre légal pour justifier les condamnations», a-t-il expliqué. En sa qualité d'avocat et de président d'une aile de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Me Dabouz demande le respect de la constitution et de la liberté de culte des Ahmadis et appelle au respect des conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Il exige, en outre, de stopper «immédiatement» toutes les poursuites engagées contre le chef du groupe et ses membres. L'affaire des Ahmadis a gagné également les faveurs de l'ONG Amnesty international. Son bureau à Alger demande à mettre un terme à la campagne contre eux. «Nous avons demandé aux autorités de mettre un terme à la campagne de répression contre les membres du mouvement religieux minoritaire qu'est l'Ahmadisme», indique le chargé de communication de l'organisation, Brahim Mahdid, contacté par nos soins. Il a appelé les autorités algériennes à faire le nécessaire «pour que les poursuites visant des Ahmadis qui sont uniquement liées à la pratique pacifique de leur religion soient abandonnées, et libérer immédiatement les personnes détenues». Décidément, le dossier des Ahmadis est loin d'être clos.