L'affaire de l'arrestation de plusieurs membres de l'ahmadiyya fait réagir des avocats à l'étranger. Asif Arif, avocat inscrit au barreau de Paris, connu pour sa défense des minorités religieuses dans le monde, dont les ahmadits, a adressé, le 2 février, une lettre au ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, dans laquelle il exprime son inquiétude quant au traitement infligé aux membres de cette «communauté religieuse» en Algérie. «Si je vous écris, c'est en qualité d'avocat mais également d'ahmadi. Et je vous avoue mon étonnement, mais également ma stupeur face à quelques-unes des récentes déclarations que j'ai pu entendre ou lire. La question des ahmadis dans le monde musulman remonte en réalité à la création même de ce mouvement, à savoir en 1889, par Hadhrat Mirza Ghulam Ahmad», lit-on dans cette lettre dans laquelle cet avocat ahmadi a relevé les «inexactitudes» des propos du ministre sur cette «communauté religieuse». Asif Arif, qui a pour habitude en tant qu'avocat de prendre la défense des ahmadis dans le monde, assure qu'il n'y a aucune preuve tangible ou vérifiable que «l'ahmadiyya est une officine du monde occidental». Cet avocat sollicite une audience auprès du ministre des Affaires religieuses qu'il qualifie d'«islamologue» et se demande : «comment une communauté minoritaire pourrait s'ériger en interlocuteur privilégié de l'Occident, et surtout comment le responsable actuel de cette communauté pourrait aller prêcher dans les Parlements occidentaux en critiquant leur politique internationale injuste, en critiquant aussi certains pays de voler la richesse des voisins ?» Il explique, dans sa lettre au ministre, que les ahmadis sont engagés dans des projets et des actions humanitaires qui «mettent un terme à la pauvreté et à la précarité dans de nombreux pays». Il assure ainsi que «les ahmadis algériens sont foncièrement attachés au pays auquel ils appartiennent». «La presse a parfois qualifié les rites des ahmadis de ‘‘sataniques''…Il s'agit d'une insulte à l'islam et au mouvement ahmadiyya qui s'efforce de respecter les cinq piliers de l'islam», a-t-il poursuivi. Et d'assurer Mohamed Aïssa que la communauté des ahmadis qui vit en Algérie «respecte ce pays» et «n'est pas dans une logique visant à déstabiliser leur pays». Pour Asif Arif, «cette communauté demande seulement que sa liberté religieuse soit appliquée et respectée». Cet avocat termine sa lettre en informant le ministre Mohamed Aïssa que les ahmadis algériens veulent le rencontrer. «Il faut désormais vous demander une chose qui va vous sembler bien difficile à admettre, mais qui est nécessaire dans notre relation. Les ahmadis qui vivent en Algérie, que vous les pensiez mauvais ou gentils, sont des citoyens du pays et en cette qualité certains d'entre eux souhaitent vous rencontrer», a-t-il assuré. Asif Arif espère, lui aussi, rencontrer le ministre pour «parler des combats communs, tels que la lutte contre le fondamentalisme ou le terrorisme, la lutte contre l'islamophobie en France…». Cette lettre intervient dans un contexte marqué par la multiplication des arrestations d'ahmadis par les autorités algériennes.